HPO: l’affaire qui met à nu les errements de la justice Gabonaise arrive devant les juges de la Cour de Cassation 

Entre justice et acharnement, le destin d’un homme et la crédibilité de la justice Gabonaise puis de l’Etat de droit se jouent devant la Cour de Cassation ©MontageDépêches 241

Libreville, le 16 Juin 2025 – (Dépêches 241). Dans les couloirs feutrés du Palais de justice de Libreville, une affaire fait trembler les fondations du pouvoir politique et économique gabonais. Hervé-Patrick Opiangah, figure emblématique du monde des affaires et acteur majeur des événements du 30 août 2023, voit son destin se jouer dans un ultime round judiciaire qui pourrait envoyer des indications claires quant l’avènement d’un l’État de droit véritable et l’émergence d’une justice forte et indépendante. 

L’histoire aurait pu s’arrêter là où elle a commencé et ce sur quoi elle a reposé: C’est-à-dire nulle part et sur la base de rien du tout. Car c’est bien le paradoxe de cette affaire qui enflamme les débats depuis des mois. Comment une procédure peut-elle prospérer sans plainte formelle et déposée dans les délais, sans victime, sans même les éléments constitutifs de l’infraction reprochée, et par-dessus tout sur un parjure et non des moindre, celui du maître des poursuites ? C’est la question que martèlent inlassablement les avocats de HPO, soutenus par son Parti, l’Union pour la Démocratie et l’Intégration Sociale (UDIS) et sur ces grossièretés juridiques que devront répondre les juges de la Cour de Cassation. 

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La présumée victime elle-même n’a-t-elle pas publiquement démenti les faits, allant jusqu’à poursuivre ceux qui ont propagé ces affirmations diffamatoires ? Un revirement spectaculaire qui n’a pourtant pas suffi à éteindre la machine judiciaire, déjà lancée à pleine vitesse contre Hervé Patrick Opiangah, sa famille et son empire économique. Sa holding fermée, scellée, sans décision judiciaire et sans lien manifeste avec une affaire pénale supposément de mœurs. Là encore, la justice ne s’est pas faite prier pour montrer sa partialité en s’enlisant dans les méandres de l’arbitraire et du non-droit. 

 Un dossier aux allures de feuilleton

Pendant que les robes noires s’agitent dans les prétoires, HPO ronge son frein loin de ses terres. Contraint à l’exil, l’homme qui employait plus 6000 Gabonais assiste, impuissant, à l’effondrement progressif de son empire industriel, à la perversion et au délitement de la justice de son pays. Ses entreprises, privées de leur locomotive, vacillent dangereusement. Derrière les chiffres se cachent des milliers de familles dont l’avenir professionnel pend au bout d’un fil judiciaire de plus en plus ténu.

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Cette dimension sociale de l’affaire interroge : peut-on accepter qu’une procédure judiciaire dont la légitimité a été confondue dans ses fondements même à travers des preuves manifestes – exploit d’huissier et démonstration juridique incassable – continue à prospérer dans un pays qui se réclame un statut d’Etat de droit ? 

HPO, un homme face une justice qui refuse de dire le droit ©MontageDépêches 241

Quand la justice devient un terrain de jeu politique

Car c’est bien là que le bât blesse. Cette affaire, aux contours juridiques pour le moins flous, prend des allures de règlement de comptes politiques. HPO, ancien questeur influent et entrepreneur prospère, dérangeait-il ? Ses positions tranchées, son indépendance financière, sa capacité à peser sur les décisions politiques en faisaient-elles une cible à abattre ?  Les observateurs les plus avertis n’hésitent plus à évoquer un « acharnement judiciaire », dont l’effectivité en réalité ne fait plus aucun doute. Une machination orchestrée pour neutraliser un opposant gênant selon d’autres. Une instrumentalisation de la justice qui ne dit pas son nom, mais qui sape dangereusement la crédibilité de l’institution judiciaire gabonaise, évoquent ses partisans.

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Face à cette situation ubuesque, les avocats de HPO ont joué leur dernière carte : la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples (CADHP). Une saisine qui en dit long sur la perte de confiance envers la justice nationale. Que la CADHP n’ait pas encore rendu sa position ne fait qu’ajouter au suspense d’un dossier déjà rocambolesque.

L’heure de vérité

Aujourd’hui, tous les regards convergent vers la Cour de Cassation du Gabon. Cette juridiction suprême aura-t-elle le courage de mettre fin à ce qui ressemble de plus en plus à un déni de justice ? Saura-t-elle rappeler que le droit ne peut être instrumentalisé au service d’intérêts particuliers ? Comment maintenir des poursuites sans victime, sans preuves, sans constitution des faits, sur un parjure et un mensonge du Procureur de la République ? Les regards sont désormais tournés vers la Cour de Cassation. 

Le capitaine d’industrie est devenu l’image et le symbole d’un système judiciaire sous influence qui n’hésite pas à torpiller les textes ©MontageDépêches 241

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La décision qui tombera dans les prochaines semaines ne concernera pas seulement le sort d’un homme. Elle dira aussi quel visage la justice gabonaise veut montrer au monde : celui d’une institution respectueuse des droits fondamentaux ou celui d’un outil au service des intérêts occultes.

Pour HPO et les 6 500 familles qui dépendent de ses entreprises, c’est bien plus qu’un jugement qui se joue: c’est leur avenir. Et surtout, de manière claire, la crédibilité d’un système judiciaire qui n’a plus le droit à l’erreur.

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