Le Synamag chez Oligui Nguema: Quand la justice gabonaise mendie ses moyens 

Entre le Chef de l’Etat et le Synamag, les discussions ont porté sur les préoccupations du corps judiciaire, notamment les conditions de travail, les revendications salariales et la prime de judicature ©ComPrésidentielle

Libreville, le 9 Juillet 2025 – (Dépêches 241). Les couloirs du palais Rénovation ont résonné cette semaine d’une mélodie familière : celle des bonnes intentions. Le président de la Republique Brice Clotaire Oligui Nguema a reçu le 4 juillet 2025 les représentants du Syndicat National de la Magistrature du Gabon ( SYNAMAG) dans un exercice de dialogue social qui ressemblait davantage à un numéro de prestidigitation qu’à une négociation sérieuse.

 L’art du grand écart présidentiel

Comment parler d’indépendance de la justice tout en gardant la main sur son budget ? Le chef de l’État a trouvé la formule magique : promettre sans s’engager, écouter sans entendre, réformer sans moyens. Un exercice d’équilibriste qui force l’admiration, même si les magistrats repartent les mains vides.

Car derrière les mots choisis et les formules ronflantes se cache une réalité têtue : celle d’une justice sous-équipée, sous-payée, sous-considérée. Les juges gabonais naviguent entre dossiers qui s’accumulent et moyens qui s’amenuisent, dans des palais de justice où l’on manque parfois du strict nécessaire.

Le syndrome de la commission ad hoc

La solution miracle ? Une énième commission chargée de 

« proposer rapidement des solutions concrètes, réalistes et soutenables ». Traduction libre : gagner du temps en donnant l’illusion du mouvement. Cette manie gouvernementale des commissions est devenue un art : créer l’événement sans créer le changement.

Pendant ce temps, les greffiers attendent leurs arriérés, les magistrats leurs primes de judicature, et les citoyens une justice indépendante et qui fonctionne. Mais patience, une commission se penche sur la question.

 Entre promesses et réalité

Le contraste est saisissant. D’un côté, des discours sur la « justice indépendante »à et la « République Nouvelle ». De l’autre, une institution judiciaire qui peine à assurer ses missions les plus élémentaires. Comment concilier ces deux réalités ?

La réponse tient peut-être dans cette capacité singulière du pouvoir gabonais à transformer chaque problème en opportunité de communication. Plutôt que de débloquer des fonds, on organise des rencontres. Plutôt que de voter des décrets, on multiplie les déclarations d’intention.

 Le réveil des consciences

Reste que cette mascarade a au moins un mérite : elle éclaire crûment l’état de la justice gabonaise. Derrière les artifices du protocole se dessine le portrait d’une institution en souffrance, dont les acteurs réclament simplement les moyens de travailler dignement.

Les magistrats du SYNAMAG ne demandent pas la lune. Ils réclament des salaires décents, des conditions de travail acceptables, et surtout, les moyens de rendre la justice. Des revendications si élémentaires qu’il faut une certaine audace pour les ignorer.

L’heure des choix

Le Gabon se trouve aujourd’hui à un carrefour. Soit le pouvoir assume ses responsabilités et donne à la justice les moyens de son indépendance. Soit il continue cette politique de l’autruche, espérant que les mots suffiront à combler les manques.

Mais les citoyens gabonais méritent mieux qu’une justice de façade. Ils ont droit à une institution judiciaire forte, indépendante et respectée. Cela passe nécessairement par des actes, pas seulement par des discours. En attendant, la justice gabonaise continue sa traversée du désert, avec pour seul viatique les promesses présidentielles. Espérons qu’elle tiendra jusqu’à la prochaine audience. 

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