Report du procès des Bongo-Valentin: Eddy Minang déroule son « cirque » et poursuit sa « comédie » ?

Eddy Minang, Procureur Général, près la Cour d’Appel de Libreville déroule toute honte bue un scénario connu d’avance © Dépêches 241

Libreville, le 10 Juillet 2025 – (Dépêches 241). Le procureur général près la cour d’appel judiciaire de Libreville, Dr Eddy Minang, a annoncé le report du procès de Sylvie Marie-Aimé Valentin, épouse Bongo, et autres coaccusés. Initialement programmé du 21 au 25 juillet 2025, ce procès très attendu ne se déroulera finalement que du 10 au 14 novembre 2025. Une décision qui, bien qu’habillée de justifications procédurales, soulève plusieurs interrogations quant à la gestion de cette affaire emblématique.

Après avoir justifié la libération des Bongo-Valentin pour des raisons prétendues de santé et après que ces derniers aient battu en brèche cette communication officielle annonçant par avance leur condamnation par contumace, Eddy Minang, Procureur Général, près la Cour d’Appel de Libreville, s’est présenté à la télévision nationale pour annoncer en mondovision le report du procès des personnalités qu’ils avaient pourtant fait libérer discrètement et pernicieusement, bafouant au passage la volonté de justice et vérité de tout un peuple. 

Le motif invoqué par le parquet général laisse perplexe : permettre à « certains avocats résidant à l’étranger et se trouvant déjà en vacances » de pouvoir se déplacer au Gabon. Cette justification, pour le moins surprenante, interroge sur l’organisation judiciaire et la planification des audiences dans une affaire de cette envergure. 

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Comment expliquer qu’un procès d’une telle importance soit tributaire du calendrier de vacances d’avocats ? Cette situation révèle une insuffisance criante dans la préparation et la coordination entre les différentes parties. Dans un État de droit moderne, la justice ne peut être otage des agendas personnels, fussent-ils ceux d’éminents conseils.

Un délai qui fait question

Le report de près de quatre mois interpelle également. Si l’objectif était véritablement de respecter les droits de la défense, une période plus courte aurait pu suffire. Ce délai substantiel risque d’être perçu comme une nouvelle manœuvre dilatoire dans une affaire qui traîne déjà depuis des mois.

L’opinion publique gabonaise, qui attend des réponses concrètes sur cette affaire, se trouve une fois de plus confrontée à l’ajournement d’un procès censé faire la lumière sur des questions sensibles touchant à l’ancienne première famille du pays.

Des menaces de contumace qui sonnent creux

L’évocation par le procureur général de la procédure de contumace en cas d’absence des accusés relève davantage de l’effet d’annonce que de la réelle volonté judiciaire. Cette menace, brandie comme un épouvantail, perd de sa crédibilité après un énième report accordé pour des raisons discutables. D’autant plus que dans leur communiqué, les prévenus Noureddin et Sylvia Bongo Valentin ont annoncé qu’ils seront condamnés par contumace. 

Si les autorités judiciaires étaient véritablement déterminées à faire avancer ce dossier, elles auraient veillé à ce que toutes les conditions soient réunies dès la première date fixée. Cette valse-hésitation nuit à l’image d’une justice qui se veut ferme et équitable.

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Le communiqué du procureur général, parsemé de références aux « principes édictés à l’article préliminaire du Code de procédure pénale », semble davantage destiné à habiller juridiquement une décision contestable qu’à informer réellement l’opinion publique. Cette technicité de façade ne masque pas l’embarras d’une institution qui peine à justifier ses tergiversations. 

Une communication institutionnelle défaillante

Ce nouveau report intervient dans un contexte où la population gabonaise attend de sa justice qu’elle se montre à la hauteur des enjeux. Les citoyens espèrent une justice indépendante, efficace et capable de traiter équitablement toutes les affaires, quelle que soit la notoriété des protagonistes.

Au-delà des considérations procédurales, c’est la crédibilité même de l’institution judiciaire qui est en jeu. Chaque report, chaque ajournement, chaque délai supplémentaire alimente le sentiment d’une justice à plusieurs vitesses, où certains dossiers bénéficient d’une indulgence particulière.

Le report du procès Bongo-Valentin, justifié par des raisons qui peinent à convaincre, illustre les dysfonctionnements d’une justice qui semble naviguer à vue dans cette affaire sensible. Si le respect des droits de la défense constitue effectivement un principe fondamental, il ne saurait servir de prétexte à des ajournements répétés qui érodent la confiance du public dans l’institution judiciaire.

Les Gabonais sont en droit d’attendre de leur justice qu’elle soit non seulement équitable, mais aussi diligente et organisée. Le rendez-vous de novembre constituera espérons-le, la dernière chance pour l’institution judiciaire de démontrer qu’elle est capable de mener à bien cette affaire avec la rigueur et la célérité qu’elle mérite. 

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