
Libreville, le 13 Juillet 2025 – (Dépêches 241). Dans les coulisses feutrées de l’exil politique, une bataille juridique et symbolique fait rage au sein du Parti démocratique gabonais. Ali Akbar Onanga Y’Obegue vient de frapper un grand coup en revendiquant officiellement le poste de Secrétaire général du PDG, brandissant une nomination qu’il affirme tenir directement d’Ali Bongo Ondimba, Distingué Camarade Président du PDG dit traditionnel.
Le timing n’est pas anodin. Alors que l’ancien président gabonais, libéré de son assignation à résidence, tente de reprendre la main sur sa formation politique depuis l’étranger, une guerre des légitimités sans précédent secoue le parti au pouvoir.
D’un côté, Ali Akbar Onanga Y’Obegue se présente comme le gardien de la légalité statutaire, fort d’une nomination datée du 14 mai 2025 et paraphée par celui qu’il appelle encore le « Distingué Camarade Président ». De l’autre, une direction qu’il qualifie d’usurpatrice portée par Blaise Louembe tente de maintenir son emprise sur l’appareil partisan, allant jusqu’à convoquer le nouveau secrétaire général par huissier.
Cette confrontation révèle les fractures profondes qui traversent le PDG depuis le coup d’État du 30 août 2023. Entre ceux qui ont choisi de composer avec la nouvelle donne politique en faisant allégeance à Brice Clotaire Oligui Nguema et les fidèles de l’ancien régime indéfectibles d’Ali Bongo Ondimba, la rupture semble consommée. Onanga Y’Obegue ne s’y trompe pas : il annonce que tous les actes pris par la direction actuelle depuis mars 2024 seront déclarés « nuls et de nul effet ».
L’enjeu dépasse largement les querelles de personnes. Il s’agit de déterminer qui incarnera une partie de l’opposition gabonaise face au pouvoir de transition. Onanga Y’Obegue mise sur la nostalgie et la légitimité historique, promettant de « positionner fermement le PDG dans l’opposition constructive » et de préparer les prochaines échéances électorales.
Mais cette stratégie de reconquête depuis l’étranger peut-elle séduire une base militante fatiguée par les divisions internes ? En invoquant la discipline et l’unité, le nouveau secrétaire général semble parier sur la force des habitudes partisanes. Reste à savoir si les militants gabonais sont prêts à suivre une direction en exil dans cette nouvelle bataille pour l’âme du PDG.
La promesse d’une prochaine allocution d’Ali Bongo Ondimba laisse entrevoir un épisode décisif dans cette guerre des légitimités. Pour l’ancien parti au pouvoir, l’heure est venue de choisir entre l’adaptation et la résistance.