Libreville, le 16 novembre 2021 (Dépêches 241). Les révélations faites par le quotidien L’Union sur la disparition de 16 des 20 cliniques mobiles commandées et payées entièrement par l’État, est l’affaire qui depuis quelques jours, alimente le landerneau politique national. Une affaire qui remonte à 2018, année pendant laquelle la ministre de la Santé se nommait Denise Mekam’ne. A l’heure où l’opinion s’interroge sur la destination des ces 16 cliniques mobiles, les explications d’une seule personne sont attendues, celles de l’actuelle ministre des Relations avec les Institutions Constitutionnelles et des Autorités Administratives.
Après l’affaire Massassa et les suspicions de corruption à l’endroit du Premier ministre, Chef du Gouvernement Rose Christiane Ossouka Raponda dont on attend toujours l’épilogue, le gouvernement fait aujourd’hui face à une autre intrigue sur fond de détournement de deniers publics et de surfacturations.
Cette affaire trouve son origine dans la publication des résultats de la Task Force sur la dette intérieure, laquelle révèle des faits de surfacturations dans l’achat des cliniques mobiles dont seulement 4 ont été livrées sur les 20 commandées et payées par l’Etat. Une information donnée par L’Union dans sa parution du 11 novembre. Le quotidien national indiquait en outre que ces cliniques mobiles ont été facturées 150 millions de fcfa l’unité pour un total de 3 milliards pour les 20 engins.
Des montants qui auraient été volontairement gonflés par la tutelle de l’époque car, sur le marché, ces engins ne coûteraient que 40 millions. Non content d’avoir surfacturé, le ministère de la Santé de l’époque bien qu’ayant présenté une facture de 20 engins n’en a reçu que 4. Des faits corroborés par nos confrères de Gabonreview. « Près de 4 ans après, il semble que l’État gabonais se soit acquitté de la somme de 3 milliards de FCFA pour leur acquisition. Seulement, à l’heure actuelle, seuls 4 de ces camions à conteneurs médicalisés de type 4X4 et disposant d’équipements nécessaires pour réaliser des soins d’urgence et de base ont été réceptionnés par le ministère de la Santé depuis septembre 2018 », a-t-on pu lire.
Des faits qui tout naturellement nous ramènent vers une seule personne. Denise Mekam’ne, ministre de la Santé à cette période, qui avait réceptionné les 4 premières cliniques mobiles en 2018. Pourquoi cette année-là cette dernière n’a-t-elle reçu que 4 au lieu des 20 cliniques qu’elle avait commandées auprès de l’Etat ? Où sont passés les 16 autres engins toujours introuvables à ce jour ? Denise Mekam’ne a-t-elle surfacturé et détourné les fonds nécessaires à l’achat des 16 cliniques disparues ? Si non a-t-elle depuis 2018 entrepris les démarches nécessaires pour retrouver et faire livrer les 16 autres engins ?
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La seule personne susceptible d’apporter des réponses à toutes ces questions reste l’actuelle ministre et avocate, Denise Mekam’ne, ministre de la Santé au moment des faits. A l’heure de l’application de la tolérance Zéro tel que souhaitée par le président de la République et un an après que pays ait connu le scandal politico financier né de l’Opération Scorpion, la ministre de la des Relations avec les Institutions Constitutionnelles et des Autorités Administratives gagnerait à sortir de son silence pour faire la lumière sur ces informations qui font d’elle, disons le sans ambage, la personnalité la plus citée et concernée par cette affaire.
A noter que ces cliniques mobiles étaient une promesse du président de la République lors de son discours à la Nation, le 31 décembre 2017. Elles avaient pour objet d’amener la santé vers les populations de l’arrière-pays en touchant les départements qui sont très loin de grands centres de santé et qui n’ont pas toujours la possibilité d’accéder facilement aux structures sanitaires. Une idée salutaire mais pervertie par ses propres collaborateurs.