Libreville, le 25 novembre 2021 (Dépêches 241. La grève de la faim entamée le lundi 22 novembre par quelques étudiants (élèves-professeurs) à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) de Libreville remet au goût du jour la problématique de l’injustice au sein de nos universités et grandes écoles.
Quel sort pour les apprenants de nos différentes écoles quand elles ont comme crédo l’injustice pour la plupart ? C’est question qu’il y’a lieu de se poser au regard de la situation des trois élèves professeurs de l’Ecole Nationale Supérieure (ENS) exclus abusivement et engagés depuis peu dans une grève de la faim qui met en péril leurs vies.
Car si des dispositions légales existent bien pour pénaliser les inconduites des apprenants, et ce proportionnellement à leur gravité, il reste que la réalité donne à voir des institutions qui fonctionnent comme des monstres froids, comme si elles étaient incapables de tenir leur rang de lieu de formation professionnelle et intellectuelle. Toujours, la moindre revendication, même lorsqu’elle est pleinement fondée en légitimité, fait des victimes.
Sans s’obliger à l’écoute, encore moins au dialogue, et au mépris de la conformité des procédures, l’option choisie est souvent celle Du massacre pour l’exemplarité. Ce procédé consiste notamment à exclure sans preuves nourries quelques-uns parmi la multitude. Le mode opératoire est bien connu, et les cas sont légion. Mais dans le cas ici évoqué, ce qui choque en plus de cette injustice qui consiste à n’exclure que quelques-uns, c’est encore que l’examen des recours qu’autorise la législation leur est refusé pour des raisons inconnues jusqu’à cette heure.
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Même si on devait se garder de tout préjugé, cela figure à l’évidence un abus de pouvoir, puisqu’ils ont été introduits il y a exactement huit mois. Temps durant lequel ils ont enduré toutes sortes de souffrances sur le plan social et psychologique : expulsions des lieux de résidence, difficulté à se nourrir, à scolariser leurs enfants etc., si on ne manque pas de prendre en compte notre réalité sociale. Par quoi cette situation consacre leur mort sociale ?
Au traumatisme de ne pas pouvoir continuer et terminer leur formation professionnelle s’ajoute aujourd’hui le mépris qu’induit le mutisme de l’administration de l’ENS. C’est à croire qu’il est chez ces responsables une forme d’inhumanité qui les rend comme indifférents aux autres, étudiants fussent-ils. Elle qui renforce par ailleurs la conviction déjà présente que nous vivons depuis un certain temps dans une Société du mépris pour parler comme Axel Honneth. En espérant que la grève de la faim ne les conduise pas à la perte de leurs vies, il revient aux responsables dans cette affaire de prendre leurs responsabilités, à moins qu’ils aient l’intention d’assumer publiquement un éventuel drame.