Libreville le 21 janvier 2022 – ( Dépêches 241). La fermeté de l’échec. C’est visiblement la posture qu’a choisie d’adopter notre ministre de l’Éducation nationale au regard des insuffisances et de l’impuissance dont il fait montre dans la conduite des ses deux départements ministériels et dans la gestion de la crise qui émaille l’Education Nationale et l’Enseignement Supérieur.
Et dire que sa nomination avait suscité de forts espoirs, notamment auprès de ses collègues enseignants-chercheurs de l’Université Omar Bongo (UOB) et de l’École normale supérieure (ENS) de Libreville. Pour raison, Patrick Mouguiama-Daouda est lui-même de la maison pour employer une expression familière. Il est Professeur des universités, linguistique spécialiste de l’histoire et de l’anthropologie linguistique du bantu à l’UOB où il dirige par ailleurs le laboratoire Langue, Culture et Cognition. Plus encore, et selon de nombreuses sources concordantes, l’homme est réputé pour son amour du travail et de l’excellence. Autant dire que toutes ces compétences le rendaient crédible et presque légitime à ce poste.
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Mais à l’évidence, il peine à convaincre, faute de ne manifester ses qualités depuis qu’il est à la tête de ce ministère. Après plus de deux années passées, tout reste à comprendre de ce qu’il veut mettre en place pour améliorer le système éducatif gabonais. Si on ne peut l’accuser d’être responsable d’un certain nombre de manquements comme ceux de nature infrastructurelle impliquant entre autres la construction d’un nombre suffisant d’établissements scolaires, l’équipement en matériels didactiques pour garantir de meilleures conditions d’apprentissage dans les établissements déjà fonctionnels, on peut néanmoins souligner son incapacité à gérer l’administratif. Les nominations, les changements de progressions annuelles dans certaines disciplines, la gestion des mutations ne sont que trop confuses.
Pour exemple, dans le domaine de l’Enseignement supérieur, précisément à l’Université Omar Bongo d’où il vient, règne comme un air de chaos administratif qui voit se maintenir au rectorat un intérimaire depuis près quatre ans maintenant. Et davantage un désordre académique qui contraint les principaux acteurs, enseignants et étudiants à faire des choses anormales : boucler des charges de travail devant s’effectuer semestriellement en quelque quatre semaines. Séminaires, évaluations, corrections, tout cela au désavantage des apprenants et plus largement de l’institution, puisque ces faits renforcent la réputation qu’a cette université d’être un mouroir. Gardons nous volontiers d’évoquer sa réputation à l’international.
Que dire au niveau secondaire de ces programmes qui changent tous les ans tel le cas en philosophie ? Pas plus tard que cette année, juste pour le temps d’un trimestre, il a été modifié. Que dire des plans de lutte contre la violence et la vente de drogue en milieu scolaire ? Juste des simulacres de mise en place de brigades à cet effet, puis plus rien ! Dans presque tous les grands établissements du Grand Libreville, tout est redevenu comme d’antan, désordonné. Que dire du plan de lutte contre la propagation de la COVID-19 en milieu scolaire et universitaire au moment où la pandémie était la plus dangereuse ? Aucune distribution soutenue de masques faciaux, de gels hydro alcooliques, ni même de maintien des points d’eau dans les établissements à l’échelle nationale. Là aussi, tout juste des mirages relayés par les médias d’utilité publique.
On pourrait à ces faits ajouter tant d’autres comme les tentatives visant à fragiliser les syndicats de l’Éducation nationale par la nomination de leurs membres les plus importants à des postes de direction au ministère. On a encore tous à l’esprit celle de monsieur Alain Mangouadi à la Direction de l’évaluation et de la prospective alors qu’il le savait secrétaire général de Fédération syndicale des enseignants de l’Éducation nationale (FESENA) et membre influent de Dynamique unitaire. Certes, cela n’a rien d’illégal, mais l’acte trahit l’essentiel : l’homme a échoué à instaurer un dialogue avec les partenaires sociaux.
Par quoi s’expliquerait la posture du Professeur : prétexter la fermeté pour masquer l’incapacité à se montrer à la hauteur de la mission qui lui est assignée. Pas même le mois de congés décrété précipitamment le 13 décembre dernier pour échapper à la grogne des syndicats n’est parvenu à ramener la sérénité dans le domaine de l’éducation. Tout juste a-t-il différé le problème. Dans les établissements primaires et secondaires, la majeure partie des enseignants manque à l’appel, et les élèves errent. Voilà peut-être ce qui est une réussite aux yeux du ministre de l’Éducation nationale, entretenir des illusions qui donnent à croire que l’école gabonaise va bien, alors qu’elle ne vaut plus grand chose.