Libreville le 19 avril 2022 – ( Dépêches 241). Dans une manœuvre à peine voilée, le ministre des Sports Franck Nguema a fait nommer Pierre Alain Mounguengui en qualité d’Inspecteur général des services du sport, deux jours seulement avant l’élection à la présidence de la Fédération. Une nomination vicieuse et frappée du sceau de la perfidie en ce sens qu’elle fermait les portes de la Fegafoot à son bénéficiaire quand, dans le même temps, elle favorisait la candidature de Jérôme Efong Nzolo, principal challenger du président sortant. A moins de se vautrer dans un déni de réalité, tous les éléments montrent que l’actuel ministre des Sports, a voulu priver de façon tristement grossière, Pierre Alain Mounguengui d’un nouveau mandat à la Fegafoot.
« Rien ne peut se construire dans le duperie et le mensonge », cette tirade de l’homme politique Gabonais Jean Gaspard Ntoutoume Ayi assénée à ses contradicteurs d’un soie, dont René Ndemezo Obiang, autour d’un débat télévisé sur les élections présidentielles de 2023, résume assez bien l’échec de la démarche peu élégante entreprise par Franck Nguema pendant le dernier conseil des ministres.
Le 14 avril dernier au sortir du conseil des ministres alors que l’élection à la présidence de la Fegafoot cristallise les débats dans l’opinion, cette dernière a été surprise d’apprendre la nomination du président sortant Pierre Alain Mounguengui au poste d’inspecteur général au ministère des Sports. Une promotion aux allures de cadeau empoisonné qui l’engluait dans les restrictions de l’article 159 de la Loi N°033/2020 du 22 mars 2021, lequel dans sa substance, frappait d’incompatibilité la candidature de PAM à sa propre succession.
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INGÉRENCE MANIFESTE DU POUVOIR POLITIQUE
Chose sommes toute curieuse, Jérôme Efong Nzolo, principal challenger de Pierre Alain Mounguengui, frappé la veille par cette incompatibilité du fait de sa fonction de DGA de l’ONDSC et relevé de ses fonctions à l’issue du même conseil des ministres, est le seul, des sept (7) candidats à l’élection du comité exécutif du Comex, à saisir dès le lendemain, la commission électorale par le biais d’un « recours en annulation de la candidature de Pierre Alain Mounguengui », a-t-on pu lire dans une copie du recours parvenue à la rédaction de Dépêches 241. Tout se passe comme si tout était prédit et que Jérôme Efong Nzola n’exécutait que le schéma d’une conspiration pensée et construite d’avance.
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Mais cette conspiration, pourrait-on dire, était malheureusement pensée gauchement, bêtement, et malhabilement par ses initiateurs. Ces derniers manquant de jugeote à l’idée de savoir que toute filouterie, sournoiserie et machination requiert pour sa réussite un minimum d’intelligence et de malice. Limités ou simplement très peu enclins à respecter les lois de la République, ces derniers ont omis qu’en nommant Pierre Alain Mounguengui au poste réducteur d’inspecteur général des services des sports, ils voulaient ramener dans la fonction publique un homme en retraite depuis une demi décennie.
C’est d’ailleurs ce que le concerné leur a fait savoir dans un courrier aux relents de leçon d’administration dans lequel il déclinait ladite nomination. « À 65 ans, alors que j’ai déjà fait valoir mes droits à la retraite depuis cinq (05) ans, cela a donc été une véritable surprise pour moi et les miens. Car, comme vous le savez, cette nomination est en contradiction avec les dispositions statutaires qui régissent les agents publics de l’Etat », fin de citation.
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Dès lors, il apparaît clairement que ce grossier montage semble avoir été monté depuis le ministère de sports car, on ne saurait penser que son locataire n’ait joué aucun rôle dans une nomination qui concerne directement son département ministériel, au regard des enjeux et concernant une personnalité notoirement connue, avec qui il entretient du reste, une relation professionnelle de proximité.
DUPLICITÉ, JEU DE DUPE ET CONTRE ATTAQUE
Sauf à se prévaloir de ses propres turpitudes, une approche contraire laisserait prospérer l’idée qu’au sein de département du sport, Franck Nguema ne maîtrise rien et qu’il n’est qu’une marionnette au service d’une main noire qui décide chez lui et pour lui. Car laisser croire à l’opinion qu’un membre du gouvernement, qui dispose par ailleurs d’un conseiller juridique, puisse ignorer les effets d’une nomination qui frappe d’incompatibilité un postulant à la présidence de la Fegafoot à deux jours de l’élection. Une telle argutie relève d’un non sens qui reviendrait à insulter l’intelligence des Gabonais.
Mieux, comme le souligne l’hebdomadaire L’Aube dans sa parution de ce mardi 19 avril 2022, n°368, tout semble condamner la tutelle car même l’argument du président de la République qui nommerait de façon discrétionnaire s’effondre comme un château de carte au regard du fonctionnement de l’administration. « Bien plus personne ne serait dupe parce que si c’est bien le Chef de l’Etat qui préside les réunions du conseil des ministres, ce sont les différents membres du gouvernement qui sélectionnent les dossiers et lui font des propositions des promotions ou des sanctions éventuelles », a-t-on pu lire.
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Un coup bas et un tacle à l’irrégulière que Pierre Alain Mounguengui, dont on ne soupçonnait pas la sagesse et l’art de la contre-attaque, a déjoué avec maestria et intelligence. En optant d’abord pour une retransmission en direct du scrutin pour annihiler toutes supputations et velléités de contestation des résultats telles qu’attendues par ses pourfendeurs. En dédiant ensuite son mandat au président de la République, prenant à contre pied ses adversaires qui avaient par péché d’orgueil et de suffisance oublié que PAM est un PDGgiste chevronné, fidèle du Chef de l’Etat et qu’ils n’auraient pu aller à l’encontre des recommandations de ce derniers, si elles émanent vraiment d’Ali Bongo Ondimba qui « l’a accompagné durant ces deux premiers mandats ».