Libreville, le 24 mai 2022 – (Dépêches 241). Il y a quelques jours, la toile a découvert ahurie la vidéo d’une rixe, au cours de laquelle, un élève en tenue scolaire muni d’un couteau, essayait de poignarder avec froideur, un de ses camarades. L’affaire aurait pu passer inaperçue, si ces images n’étaient pas symptomatiques de la société gabonaise, aujourd’hui en proie à des actes de violences, perpétrés par des jeunes souvent mineurs. Se pose alors inéluctablement la problématique des raisons qui motivent la montée de cette délinquance juvénile.
Agressions, braquages, viols et même homicides, la société Gabonaise fait face depuis quelques années, à une escalade, un déferlement des actes de violences. Fait notable, ces agissements abjects sont très souvent l’œuvre de jeunes parfois mineurs, comme en témoigne la vidéo devenue récemment virale sur la toile, dans laquelle, on peut apercevoir un garçon visiblement âgé de moins de 18 ans, essayer de se servir d’un couteau au cours d’une rixe avec un de ses camarades, sous le regard impuissant de quelques témoins.
Autre témoignage, le récit glaçant de ces jeunes qui ont de sang froid tué un compatriote pour des bières impayées, avant de le ligoter, et de le jeter dans un lac afin de faire disparaitre la dépouille. De tels scénari dignes des films criminels hollywoodiens, exécutés avec maestria, placidité, indifférence et impassibilité sont la conséquence d’une société malade. Malade de ses jeunes, de sa jeunesse et de son système politique et social.
Si la police a lancé dans les heures qui suivent un avis de recherche, afin de retrouver le jeune homme, et les auteurs du crime suscité, il n’en demeure pas moins que ces énièmes affaires devraient susciter davantage de réflexions et d’interrogations, en commençant par l’origine de la multiplication de ces actes de violences, perpétrés par ceux qui sont censés incarner l’avenir du pays. Le philosophe Aristote ne disait-il pas que « toute connaissance est connaissance des causes » !? Quelles sont les causes de la montée de cette délinquance juvénile ? Pourquoi la jeunesse Gabonaise est-elle portée aujourd’hui autant vers la violence ?
Inévitablement, la première piste d’explication de cette escalade de la violence et de la délinquance juvénile, peut être la consommation des drogues devenues monnaie courante en milieu scolaire. Des stupéfiants, auxquels les jeunes ont aujourd’hui accès sans la moindre difficulté, du fait de l’inaction de la police qui semble s’être résignée face aux trafiquants et autres dealers, qui exercent en toute sérénité dans la quasi-totalité des villes du pays.
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À cela s’ajoute, l’influence néfaste des acteurs culturels, notamment les musiciens et autres rappeurs, qui bâtissent leur succès autour de productions qui font l’apologie de la violence, de la prostitution, du vice et du proxénétisme. Des pratiques, pourtant opposées aux valeurs culturelles qui fondent l’identité Gabonaise mais qui étrangement n’attirent pas l’attention de la force publique alors que notre ordonnancement juridique condamne de façon ferme, la promotion de toute action ou entreprise de nature à troubler l’ordre public.
Enfin, pour compléter le tableau, la montée de la violence chez les jeunes peut aussi être consécutive à la démission de certains parents qui se délaissent de la responsabilité d’éduquer leurs enfants. Au regard des conséquences qui peuvent être engendrées par la montée de cette délinquance juvénile, il est plus que nécessaire que les autorités se saisissent de cette problématique afin d’y apporter des solutions pérennes et efficientes.
Il importe de ce fait que la police se mette à la poursuite des revendeurs de stupéfiants y compris les drogues dures, qu’elle interpelle en outre les artistes auteurs des messages faisant la promotion de cette violence. Qu’elle fasse interdir en sus, la diffusion des clips de musiques et de vidéos y faisant allusion. Une telle approche permettrait peut-être, en partie, de régler cette problématique en soignant le mal à la racine dans une société qui, manifestement, s’est inscrite dans la banalisation du mal.
