Libreville, le 11 octobre 2022 – (Dépêches 241). Les profonds dysfonctionnements décriés ces derniers mois par les usagers et reconnus par le président de la République lui-même ont fini par coûter leurs postes aux membres du conseil d’administration ainsi qu’à ceux de la direction générale de la CNSS. À leur place, Ali Bongo avait choisi le 7 juin dernier d’ériger une administration provisoire chargée de réformer la structure sur une période de 12 mois, un délai que certains ne sont pas prêts d’attendre car pensant que le problème est ailleurs.
S’achemine t-on vers une lutte en sourdine pour contrôler la Caisse nationale de Sécurité Sociale ( CNSS) ? La question, en bon droit, mérite d’être posée tant un nouvel acteur, en l’occurrence le nouveau président de la Fédération des Entreprises Gabonaises (FEG), Henri-Claude Oyima, en a émis le souhait en marge de l’assemblée de l’assemblée générale extraordinaire de cette institution.
En réalité, Henri Claude Oyima n’a fait qu’exhumer une idée qui pourtant découle des textes de la Conférence interafricaine de prévoyance Sociale (CIPRES) laquelle commande que des institutions comme la CNSS soit placée sous la gestion du secteur privé. Malheureusement en dépit d’une gestion chaotique symbolisée par l’état de liquéfaction de ce fleuron de la politique sociale, il a toujours été sous la coupole de l’exécutif.
Ali Bongo Ondimba complice ou induit en erreur ?
Si en vertu des dispositions lé gales, la conférence interafricaine de prévoyance sociale ( CIPRES) recommande que cette institution, dans chaque État soit dirigée par le secteur privé, par quoi se justifient toutes les décisions qui se sont succédées visant à nommer à la tête de cette organisation des personnalités du secteur public, et même des politiques, ces dix dernières années ? Est-ce par méconnaissance des textes? Le chef de l’État a-t-il été induit en erreur ces dix dernières années sur cette question sans aucune prise de conscience ? Il est connu de notoriété publique que la CNSS est une vache à lait qui fait l’objet de toute les convoitises.
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Pour d’aucuns, la mainmise de l’exécutif sur la Caisse nationale de Sécurité Sociale ne s’explique que par le sa seule volonté d’avoir le contrôle absolu sur la manne financière de celle-ci. Ce n’est d’ailleurs pas le responsable de la communication de l’ANAREG ( Association Nationale des Retraités du Gabon) Mathurin Mengue Bibang qui dira le contraire « « Le dialogue avec les partenaires que sont les syndicats et les associations de retraités est quasi inexistant. On observe également un pillage de fortes sommes d’argent par les agents. Mais tout cela n’est pas imputable à l’administration provisoire. C’est plutôt du côté de la tutelle qu’il faut regarder car c’est le ministre qui administre actuellement la CNSS », avait-il déclaré dans les colonnes de l’Union.
Dans une tribune publiée en juin 2022, l’ancien Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, Raymond Ndong Sima tirait la sonnette d’alarme sur « le drame qui se déroule depuis plusieurs années sous nos yeux avec la faillite de la CNSS » en invitant tout simplement l’Etat à régler la dette colossale qu’elle a contracté auprès de l’institution. «Les retraités de la CNSS n’ont besoin ni de charité, ni de pitié de l’Etat. Ils ont besoin en tout premier lieu et de manière urgente que l’Etat reverse non seulement les cotisations collectées auprès de sa main d’œuvre non permanente mais aussi la part patronale qu’il doit en qualité d’employeur public en somme que l’Etat paie sa dette », avait-il sommé.
Henri-Claude Oyima n’a plus confiance à la gestion de la CNSS par la tutelle !
Au regard du rôle joué par l’Etat dans la situation alarmante de la CNSS, il est très difficile d’exempter le Chef de l’Etat et de réduire sa responsabilité au simple fait qu’il ait simplement été induit en erreur.
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« C’est nous qui payons. Nous pensons que nous devons diriger cette institution et que l’Etat doit jouer son rôle de contrôleur de l’action ». Ces mots sont ceux d’Henri Claude Oyima, président de la Fédération des Entreprises Gabonaises (FEG) qui a, ce lundi 10 octobre, clairement fait savoir sa vision pour la CNSS. Ce dernier veut arracher la CNSS des griffes de l’Etat pour sauver les retraités.
En effet, le nouveau patron de la FEG ne veut plus entendre parler d’un DG nommé par l’exécutif, excédé par la situation désastreuse en termes de gestion et financièrement d’où sa position en tout point légitime car les revenus gérés par la CNSS proviennent exclusivement des cotisations patronales et de la part des salariés du secteur privé.
Gageons que l’exécutif saura faire preuve de sagesse en laissant au secteur privé la possibilité d’insuffler une nouvelle dynamique à ce fleuron de la politique sociale après des décennie d’échecs retentissants reproduits par la Caisse Nationale d’Assurance Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS ) et à la Caisse des Pensions et Prestations Familiale (CPPF), désormais sous perfusion.