Transition: quand Oligui Nguema exige à son Gouvernement « le soutien inconditionnel » comme au temps d’Ali Bongo

Comme sous l’ancien temps, le Chef de l’Etat veut de son gouvernement qu’il le soutienne sans réserve et de façon entière © ComPrésidentielle

Libreville, le 17 juillet 2024 – (Dépêches 241). Long de près de 2 heures d’horloge, le discours à Tchibanga du Président de la Transition, Président de la République, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, continue de susciter analyses et interprétations au sein de l’opinion. D’un ton ferme, le Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, a réclamé de son Gouvernement un soutien inconditionnel et sans failles, ce, quelle qu’en soit la direction qu’il donnerait à la Transition en cours au Gabon. Une approche qui n’est pas sans rappeler la gouvernance d’Ali Bongo Ondimba, à l’origine du coup de la libération orchestré par le CTRI le 30 août 2023.

S’il est un reproche qui a longtemps été formulé à Ali Bongo Ondimba, ancien Président du Gabon, c’est bien sa gouvernance, laquelle a été longtemps cautionnée par ses gouvernements et parlements successifs. En clair, comme les populations, les militaires aujourd’hui au pouvoir auraient reproché à plusieurs hauts responsables de l’ancien régime de s’être vautrés dans une complicité et un silence lâches, devant les lois iniques et impopulaires que prenait de l’ancien régime.

Aujourd’hui, presque dans les mêmes termes du régime qu’il a déposé hier, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema attend de son Gouvernement une solidarité mécanique face à toutes les réformes qu’il a lancées, même devant celles qui sont les plus controversées. Qu’ils s’agissent de plusieurs résolutions du Dialogue National Inclusif, de certains textes de lois ou encore de certaines décisions du CTRI, le Président de la Transition exige à son Gouvernement un soutien inconditionnel.

Du Ali Bongo Ondimba dans le texte et des effluves de l’idéologie du PDG 

« Quand on est ensemble, on est ensemble jusqu’au bout (…) Quand on est une équipe, on ne marque pas de buts dans son propre camp. Voilà pourquoi j’aime les militaires, si ça coule on va couler ensemble. Et c’est ce genre d’hommes politiques dont j’ai besoin. Des courageux et non des hésitants », a déclaré le Général-Président, pour fustiger ce qu’il considère comme la fourberie et le manque de solidarité de certains de ses ministres face aux réformes et actions portées par le CTRI.

LIRE AUSSI: Oligui Nguema: «Vous êtes mes ministres, je vous ai nommés, si nous avons des points de vue divergents, prenez votre route» 

Il serait peut-être juste de rappeler au Président de la Transition que l’une des raisons évoquées pour opérer son coup de force était le silence complice de certains politiques et hauts cadres de l’administration publique, face aux lois injustes et extrêmement controversées qui étaient prises, mais que l’ancien Président  Ali Bongo Ondimba, appelait son Gouvernement et ses parlementaires à voter, au nom du principe de solidarité gouvernementale. Une pratique héritée du Parti Démocratique Gabonais (PDG) qui a longtemps voué un culte au « Oyé Oyé Soutient ! », symbole de la gouvernance morbide du régime déposé le 30 août dernier. 

LIRE AUSSI: Résolutions du DNI: Oligui Nguema tance vertement Raymond Ndong Sima  à Tchibanga 

Des ministères réduits en de simples godillots d’exécutant, le voeux d’Oligui Nguema pour son gouvernement 

Aujourd’hui, alors que plusieurs résolutions du Dialogue National Inclusif d’avril dernier sont remises en question et publiquement critiquées par certains acteurs de la Transition au regard de leur caractère arbitraire, alors que la loi électorale adoptée dernièrement continue de cliver la classe politique, alors que la résolution que l’inéligibilité des autres acteurs de la transition risque de fissurer l’exécutif, au moment où certaines décisions du CTRI sont de plus en plus discutées, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema semble quasiment intimer à ses ministres de fermer les yeux sur les ratés observés sous la Transition, et de le suivre quelle qu’en soit la direction qu’il donnera au pays. Dit autrement, le Général-Président voudrait gouverner avec des ministres dépourvus de conscience et réduits en de simples godillots d’exécutants. 

Convenons-en, cette demande du Président de la Transition ressemble, sauf à s’y méprendre, à ce qui se faisait déjà sous Ali Bongo Ondimba. Demander à son Gouvernement et à ses parlementaires de faire montre de solidarité mécanique, de fidélité inconditionnelle, même face à certaines dérives ou des décisions impopulaires, est l’une des raisons qui ont conduit le Gabon dans son état d’avant le 30 août 2023. Il ne serait donc pas dans l’intérêt du Général Brice Clotaire Oligui Nguema de vouloir fabriquer une nouvelle classe d’hommes politiques de  « béni oui-ouistes », adeptes du « Oye oye soutient »  prêts à tout cautionner, même des décisions iniques et discutables, au risque de reproduire le Gabon d’avant le 30 août. 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*