Libreville, le 25 juillet 2024 – (Dépêches 241). S’il est un département qui était fortement attendu en cette période de Transition, c’est bien celui de la justice. Ayant la réputation non usurpée d’une justice aux ordres, elle semble ne pas vouloir se départir de cette étiquette peu reluisante, malgré la restauration annoncée et souhaitée par les militaires en début de Transition. Alors que Linda Bongo Ondimba vient de subir les rigueurs de la loi en étant sanctionnée et rétrogradée pour son activisme politique, la magistrate ayant trafiqué les procès-verbaux de Noël Mboumba demeure sereine et pas du tout inquiétée. Un deux poids deux mesures qui semble confirmer l’idée très répandue d’une justice gabonaise aux ordres.
La nouvelle a surpris l’opinion, tant elle n’était pas envisageable il y a encore quelques mois. Linda Bongo Ondimba, fille de feu Omar Bongo et sœur de l’ancien Chef d’État Ali Bongo, traduite en Conseil de discipline, sanctionnée puis rétrogradée pour son activisme politique sur la place publique. En effet, en compagnie d’autres magistrats mis en cause, la sœur d’Ali Bongo Ondimba a subi les rigueurs de la loi devant le Conseil de discipline convoqué par le Conseil Supérieur de la Magistrature siégeant en matière disciplinaire, hier le 23 juillet 2024.
Si la nouvelle a été majoritairement saluée au sein de l’opinion, en ce qu’elle donnerait à voir une justice désormais résolue à travailler, ce sentiment reste cependant mitigé, au regard de certaines affaires, pourtant graves, mais qui traînent toujours à être instruites. C’est le cas de la magistrate qui a trafiqué les procès-verbaux de Noël Mboumba, pour enfoncer et condamner Brice Laccruche Alihanga dans l’opération anticorruption dénommée « Scorpion ».
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Passé aux aveux à la barre, Noël Mboumba, ancien Ministre du Pétrole sous la régence de Brice Laccruche Alihanga, avait affirmé que ses procès-verbaux avaient été trafiqués par la magistrate chargée de ce dossier. « La juge d’instruction me dictait les déclarations à mettre dans les procès-verbaux », avait d’abord confié Noël Mboumba à la barre, avant de poursuivre « J’ai subi des pressions afin de retirer les noms de Noureddin Bongo Valentin et Ali Bongo Ondimba et surtout pour modifier mes déclarations ! », avait-il avoué au tribunal.
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Les propos de Noël Mboumba sont à ce titre d’une netteté et d’une clarté irréprochables. Alors, l’opinion continue de s’interroger sur l’identité de cette juge qui commandait à Noël Mboumba de mentir pour enfoncer son ancien mentor. Qui est donc cette juge d’instruction ? Pourquoi depuis ces déclarations d’une extrême gravité, l’identité de cette dernière n’a jamais été révélée ? Pourquoi le Synamag garde-t-il ce silence ? Bénéficie-t-elle une puissante couverture au point de ne pas toujours être inquiétée jusqu’à présent ? Si oui laquelle ? Autant de questions qui attendent toujours des réponses et qui confortent l’opinion dans l’idée d’une justice gabonaise demeurée au ordres, même en cette période dite de restauration des Institutions.
