Transition: prompt à battre campagne en faveur du OUI, Paul Marie Gondjout silencieux sur tous les scandales qui secouent l’institution judiciaire 

Paul Marie Goudjout, ministre de la Justice étrangement silencieux devant les scandales consécutifs au sein du département ©DR

Libreville, le 27  juillet 2024 – (Dépêches 241). L’arrivée au pouvoir des militaires en août 2023 et la promesse annoncée d’une justice plus forte et équitable pour tous avaient suscité chez les populations l’espoir de voir enfin émerger une justice débarrassée de toutes les pesanteurs qui ont toujours entravé sa bonne marche. Mieux, en portant à la tête du département Justice la personne de Paul Marie Gondjout, ex opposant au système Bongo-PDG et témoin privilégié des événements du 31 août 2016 au QG de Jean Ping, l’opinion a fortement cru observer un véritable changement au sein de l’institution judiciaire. Un an après, il n’en est rien. Les mêmes travers demeurent: justice sélective, mutisme sur certains scandales, instrumentalisation de la justice, soupçons de corruption des magistrats, manque d’exemplarité des juges, le tout sous le silence ahurissant du Ministre de tutelle.

Opposant au régime d’Omar Bongo Ondimba, puis à celui de son successeur de fils, Ali Bongo, le choix de Paul Marie Gondjout à la tête du département ministériel de la Justice avait été salué par une large majorité des populations, au regard des tribulations vécues par cet homme et par le peuple gabonais tout entier, sous les régimes sus évoqués. Seulement, un an après sa nomination à la tête du Ministère de la Justice, son attitude interroge et finit désormais par inquiéter. Les scandales d’une ampleur renversante s’enchaînent, mais Paul Marie Gondjout reste malheureusement muet.

Toujours attendu dans l’affaire de la magistrate qui avait trafiqué les procès-verbaux de Noël Mboumba dans l’opération anticorruption dénommée « Scorpion », suivant les aveux du principal mis en cause, le scandale WebCor ITP impliquant des hauts cadres de l’administration judiciaire, celui de la SEEG récemment et la libération supposée des présumés meurtriers de la jeune Michaela Dorothée Ngoua, Paul Marie Gondjout reste de marbre, faisant régner l’Omerta sur tous ces sujets d’une extrême gravité, et qui maintiennent la réputation de la justice gabonaise comme étant une justice foncièrement instrumentalisée et aux ordres des politiques.

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Pourtant, à l’aube de sa nomination, dans une interview qu’il avait notamment accordée à Radio France Internationale (RFI), le natif de Lambaréné promettait de sortir la justice gabonaise de sa torpeur d’antan et commencer à demander la reddition des comptes aux auteurs des actes blâmables. S’agissant des détournements des deniers publics par exemple, il lançait ce qui suit « Les finances de l’État sont à mal. Le fait qu’il y ait des personnes qui ont certainement caché de l’argent du Gabon à l’extérieur du pays, il va falloir retrouver cet argent. Cette opération « Dignité » nous fait découvrir nombre de choses incroyables. C’est un système qui a mis le pays en coupe réglée. C’était un peu comme une épicerie où ils se servaient à volonté. Maintenant le gérant de l’épicerie demande effectivement que des comptes soient faits », avait-il déclaré.

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Une ambition qu’il aurait manifestement rangée aujourd’hui, au regard du peu d’intérêt qu’il accorderait désormais à voir les auteurs des actes hautement blâmables à rendre des comptes. Pire, le Garde des Sceaux continue de rester silencieux face à tous ces scandales, mais s’est pourtant empressé dernièrement à investir le terrain politique de Lambaréné pour inviter les populations à voter massivement en faveur du OUI au futur référendum constitutionnel, alors que ces dernières n’ont toujours aucune idée du projet constitutionnel. Une belle curiosité et une rigoureuse incohérence pour le Ministre de la Justice hagard, amorphe et passif alors que l’institution qu’il dirige s’en porte encore plus mal dans cette période de transition et de restauration des Institutions.

One Commentaire

  1. Merci pour la clarté de cet article.
    Si le Ministre veut rentrer dans la chambre noire de l’histoire du Gabon, alors nous lui ouvrirons grandement la porte.
    C’est affligeant.

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