Libreville, le 18 septembre 2024 (Dépêches 241). Alors qu’elle était très attendue par les gabonaises et les gabonais, l’Assemblée Constituante s’est mise en place le 12 septembre dernier. Si ses attributions et ses missions sont désormais connues, c’est davantage la personnalité désignée pour la présider qui semble intriguer l’opinion. Haut cadre du Parti Démocratique Gabonais (PDG), ex formation politique au pouvoir déposée par les militaires, premier Ministre de l’Intérieur de l’ère Ali Bongo et fidèle collaborateur de ce dernier, Jean François Ndongou est l’homme choisi par Oligui Nguema pour présider cette Assemblée Constituante. Une décision qui semble susciter aujourd’hui beaucoup d’inquiétudes et de réserves du côté de l’opinion.
Le 31 août dernier, le Premier Ministre de la Transition, Chef du Gouvernement, Raymond Ndong Sima, recevait le projet constitutionnel de la part du Président de la Transition. Une nouvelle étape du processus de Transition en cours au Gabon allait donc être franchie : la mise en place de la l’Assemblée Constituante, à l’effet d’examiner le projet de la future Constitution qui va être soumise à un scrutin référendaire d’ici la fin d’année 2024.
Le 09 septembre dernier, le Président de la Transition prenait donc le décret N°0358/PT-PR/MRI instituant l’Assemblée Constituante et fixant ses attributions, sa composition et son fonctionnement, en vue de procéder à l’examen du projet constitutionnel qui va être soumis au référendum prévu cette fin d’année 2024, suivant le chronogramme édicté par le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).
Si les attributions de l’Assemblée Constituante sont précisées dans ledit décret, c’est la personne choisie pour diriger ce Congrès Constituant qui suscite des interrogations. En déposant Ali Bongo Ondimba et ses collaborateurs, les militaires donnaient clairement à voir que la gestion des affaires publiques par les PDGistes était chaotique, et, comme tel, ils devaient être écartés du pouvoir pour céder place à des gabonais compétents et capables de relever le défi de l’édification du Gabon nouveau et prospère appelé par le peuple.
Pour rappel, Jean François Ndongou ancien ministre de l’Intérieur du fils d’Omar Bongo est l’un des premiers à avoir cautionné la forfaiture et l’imposture d’Ali Bongo en 2009 après un scrutin et sanglant contesté donnant André Mba Obame pour vainqueur. Comment comprendre donc qu’à un tel moment charnière de l’histoire politique et institutionnelle du Gabon, les personnalités qui auraient contraint les militaires à prendre le pouvoir par faute de leur mauvaise conduite des affaires de l’État, en soient encore au cœur des décisions qui vont engager la vie de la Nation dans les prochaines décennies ? Comment raisonnablement expliquer que les plus proches collaborateurs du Président déchu, ces hommes et femmes qui auraient participé à la déliquescence du pays, à l’état de décrépitude politique, économique et social du Gabon, sont encore portés au pinacle des Institutions censées penser le nouveau Gabon ?
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Cette véritable bizarrerie politique choque plusieurs Gabonais dans l’opinion et certaines personnalités politiques à l’instar de Me Anges Kevin Nzigou qui ne manque pas de souligner l’incohérence des choix de Brice Clotaire Oligui Nguema quand il décide de construire le Gabon d’après avec les acteurs du Gabon d’avant. « Si vous mettez fin à un régime vous ne pouvez pas prendre les mêmes instruments et les acteurs du même régime qui vont eux participer à réforme des Institutions qui est votre mission principale », a déclaré sur le plateau de TV5.