Libreville, le 1er octobre 2024 (Dépêches 241). Alors que le 2 février dernier, la Cour Constitutionnelle de Transition, par l’entremise d’un communiqué s’était désolidarisée de l’entreprise du Chef de l’État de conférer par décret à l’ancienne Présidente de cette institution l’honorariat, les gabonais ont fait la découverte de ce qu’il convient désormais de nommer comme un grossier mensonge d’État: Marie Madeleine Mborantsuo a été sournoisement maintenue à son poste, en allant même représenter le Gabon lors de l’audience à la Cour Internationale de Justice de la Haye opposant le pays à la Guinée Équatoriale, dans un vieux différend sur l’île Mbanié, au mépris de la décision prise par ses pairs de débouter ledit décret , ainsi que du sentiment des Gabonais.
L’affaire ne cesse de susciter grand bruit depuis sa révélation. Marie Madeleine Mborantsuo, ancienne Présidente de la Cour Constitutionnelle du Gabon, a été confirmée au poste de Présidente Honoraire de la Cour Constitutionnelle du Gabon, en dépit du rejet affiché et matérialisé par ses pairs. « Lors de la délibération de la Cour Constitutionnelle de la Transition de ce jour, des vices de procédures de fond et de forme ont été constatés sur la délibération du 2 septembre 2023 ayant conféré l’honorariat à mesdames Marie Madeleine Mborantsuo et Louise Angué en qualité respectivement de Présidente Honoraire de la Cour Constitutionnelle et de Juge Honoraire de la Haute Juridiction », avait tranché sans ambiguïté la déclaration officielle de ses pairs en février dernier.
En d’autres termes, le décret pris par le Président de la Transition et défendu à l’époque par le Conseiller Chef de département communication de la Présidence de la République, Télesphore Obame Ngomo, n’avait pas suivi les procédures prévues par la loi organique de la Cour Constitutionnelle de Transition. En conséquence, cette dernière, avait tenu à se désolidariser de cette démarche cavalière du Général Brice Clotaire Oligui Nguema, en précisant au passage que « la délibération querellée ne figure nullement au rang des minutes du greffe de la Haute Juridiction », rappelait la même décision.
Encore un autre mensonge du CTRI ?
Jour après jour, semaine après semaine, les Gabonais semblent se forger une nouvelle opinion du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI), au pouvoir depuis août 2023. Mensonges, tentatives de manipulation des masses et rétropédalages semblent meubler la gouvernance actuelle des militaires. En clair, entre annonces et réalité de celles-ci, le fossé tend souvent à se faire important.
Les gabonaises et les gabonais en ont encore fait l’amère expérience hier. En lisant attentivement le compte rendu d’audience de la Cour Internationale de de Justice de La Haye, opposant le Gabon à la République de Guinée Équatoriale dans l’affaire Île Mbanié, l’opinion a découvert un nouveau mensonge des dirigeants actuels: alors qu’elle avait été désavouée par les juges constitutionnels actuels, la décision de faire de 3M la Présidente Honoraire de la Cour Constitutionnelle du Gabon via un décret controversé a été inexplicablement et sournoisement maintenue par on ne sait quelles autorités.
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Mais peut-on être réellement surpris ? En réalité non. Marie Madeleine Mborantsuo semble être inexplicablement exemptée par le Général-Président. On se rappelle de sa tentative maladroite de réhabilitation de cette dernière à Franceville quand il a déclaré que Marie Madeleine Mborantsuo avait tenté de faire annuler le scrutin présidentielle de 2023. Une énormité qui n’était pas passée auprès de l’opinion qui a vomi la couleuvre qu’avait pernicieusement tenté de leur faire avaler le président de la transition Brice Clotaire Oligui Nguema.
Une situation qui vient encore donner un peu plus de relief aux arguments des contradicteurs des militaires au pouvoir, qui pensent de plus en plus que la Transition politique en cours au Gabon serait une véritable imposture, au regard de l’impressionnant contingent des personnes jugées responsables de la gestion catastrophique du pays ayant justifié la prise de pouvoir par les militaires en août 2023.