Gabon: An 1 de la Transition, pour quelle  institution restaurée ?

Plus d’un an après la prise de pouvoir, la restauration des Institutions annoncée n’est toujours pas effective, les ambitions semblent désormais ailleurs

Libreville, le 7 octobre 2024 – (Dépêches 241). En arrivant au pouvoir en septembre 2023, le Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) avait formulé la promesse de restaurer les institutions, avant de remettre le pouvoir aux civils à l’issue d’une élection présidentielle libre, transparente et crédible. Aujourd’hui, un an après, l’opinion se questionne sur l’effectivité de cette promesse au regard de l’absence de signaux indiquant clairement une quelconque restauration. Pire, beaucoup y voient même une caporalisation renforcée des institutions en cette période de Transition avec un projet constitutionnel en discussion qui entend concentrer tous les pleins pouvoirs à la seule personne du Président de la République. 

Annoncée aux premières heures de leur prise de pouvoir, la Restauration des Institutions promise par les militaires peine toujours à se rendre visible et effective un an après avoir déposé le régime Bongo-PDG. Les arguments pour soutenir une telle posture ne manquent pas, le plus emblématique d’entre eux étant la situation actuelle du département justice qui continue d’être tenu en bride, malgré le vœu pieux formulé par le Président de la Transition de voir émerger une justice indépendante et forte en cette période de Transition.

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L’opinion se souvient encore du récent épisode judiciaire opposant deux activistes gabonais, Landry Amiang Washington et Stéphane Zeng en l’occurrence, à Hervé Patrick Opiangah, un citoyen gabonais qui avait intenté un procès en justice pour diffamation et atteinte à son honorabilité contre ces derniers. Alors que la procédure avait suivi son cours normal et abouti à l’incarcération du premier cité, ce dernier aurait été libéré à la suite d’un coup de fil du Palais présidentiel, auraient rapporté des sources proches du dossier. Pire, le magistrat ayant délivré le mandat d’arrêt aurait ensuite été muté dans l’intérieur du pays à une fonction rétrograde en guise de punition. Une immixtion du pouvoir exécutif dans la pouvoir judiciaire comme sous le règne du régime ancien qui tranche clairement avec la volonté annoncée par les militaires dès leur arrivée au pouvoir. 

ENTRE PROMESSES DE GASCON… 

Un autre élément, et pas des moindres, semble envoyer un mauvais signal en matière de restauration des institutions. À l’occasion de la tournée républicaine du Président de la Transition dans l’hinterland, il a été donné d’observer le Président de la Cour Constitutionnelle de Transition, Dieudonné Aba’a Owone, aux côtés de Brice Clotaire Oligui Nguema. Une promiscuité entre un Chef d’État et un Président de la Haute Juridiction particulièrement gênante et jamais observée au Gabon, même sous les règnes successifs d’Omar Bongo et son despote de fils Ali Bongo Ondimba.

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Symbole de ce non-respect des convenances institutionnelles, la violation flagrante d’une décision de la Cour Constitutionnelle sur le cas Mborantsuo. Tout dernièrement, il y a juste quelques jours, les gabonais ont découvert avec stupéfaction que Marie Madeleine Mborantsouo, bien que désavouée en février dernier par les juges constitutionnels qui avaient débouté le décret pris unilatéralement par le Président de la Transition et qui lui conférait le titre de Présidente Honoraire de la Cour Constitutionnelle du Gabon, celle-ci a sournoisement été maintenue à ce poste pour des desseins encore non connus à ce jour. 

… ET VIOLATION DU SERMENT PRÉSIDENTIEL ? 

En plus du mensonge d’Etat que semble revêtir une telle réalité, le régime des militaires offre à la vue des Gabonais l’indécente réalité d’une restauration des Institutions de façade. Des promesses en trompe-l’œil que le CTRI  tentent vainement de couvrir par des projets de réalisation lancés çà et là dans la pays. Un air de déjà vu comme sous les débuts d’Ali Bongo Ondimba pour l’échec retentissant désormais connu de tous. 

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Cette trop forte immixtion du pouvoir Exécutif dans le Judiciaire traduit à n’en point douter l’absence d’une quelconque restauration des Institutions tout autant qu’elle viole le serment présidentiel. « Ici et maintenant,  je m’engage solennellement à ne ménager aucun effort pour qu’à l’issue de cette Transition notre pays soit doté d’institutions fortes, démocratiques et crédibles », avait déclaré l’actuel Chef de l’Etat. 

Une douloureuse réalité qui vient surtout remettre au goût du jour l’impérieuse nécessité d’opérer une séparation nette des pouvoirs au sein de la future Constitution, au risque de toujours avoir des Présidents-Rois comme cela semble se dessiner dans le projet de la future Constitution du pays qui continue de cliver les gabonaises et les gabonais.

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