Libreville, le 3 janvier 2024 – (Dépêches 241). Dans une sortie sur la télévision publique fin décembre, le procureur de la République près du tribunal de première instance de Libreville faisant une déclaration dans laquelle il entendait faire toute la lumière sur cette morbide et sordide affaire qui a choqué la Nation dans ses fondements, celle de l’assassinat crapuleux de Second maitre Johan Bounda torturé à mort dans les cellules du B2. Depuis cette déclaration un silence semble s’être installé laissant prospérer l’idée que comme plusieurs d’entre elles, cette affaire ne soit jamais élucidée et s’oublie dans les tiroirs poussiéreux du système judiciaire gabonais.
Le 26 décembre dernier sous le feu et les critiques qui couvaient le procureur de la République après une réaction du gouvernement s’était presque senti dans l’obligation de communiquer sur l’affaire dite Johan Bounda, du nom du militaire qui avait trouvé la mort à la Direction de la Contre Ingérence et de la Sécurité Militaire (B2). D’emblée Bruno Obiang Mve avait indiqué qu’une avait pour « que les auteurs de ces actes abominables quels que soient leurs rangs ou fonctions soient identifiés, poursuivis et traduits devant les juridictions compétentes » avait été ouverte.
Devant des actes de barbarie qui constituent « une violation flagrante des droits fondamentaux garantis par notre Constitution et les conventions internationales auxquelles la République Gabonaise est partie », le gouvernement avait dans la foulée annoncé l’incarcération de 8 militaires soupçonnés d’avoir commis les actes de tortures en même temps que l’audition de deux officiers généraux cités dans l’affaire. Seulement , plusieurs jours après ces annonces, le parquet s’est muré dans un silence de cathédrale ne donnant aucune suite des auditions ni de l’avancée de l’enquête.
Une réalité qui conduit l’opinion à s’interroger et avec elle le Parti pour le Changement. Formation politique notoirement connue qui a invité le gouvernement à ne rien dissimuler de l’enquête en cours. Pour Anges Kevin Nzigou and Cie, « il est indispensable que le gouvernement communique régulièrement sur les avancées de l’enquête relative à ce drame afin que le peuple gabonais se sente rassuré et que les mesures prises ne soient pas perçues comme de simples effets d’annonce », a-t-il déclaré.
Dans un pays où l’indépendance de la justice tarde à être effective et au sein duquel plusieurs dossiers concernant des affaires similaires ont accouché d’une sourie du fait de l’implication de certains pontes du régime ou des hauts gradés de la République, le silence pernicieux qui s’installe dans l’affaire Bounda a de quoi inquiéter et interpeller. Il inquiète en première lieu parce qu’il consacrerait l’impunité en refusant de donner l’exemple en punissant avec toute la rigueur de la loi les autres de cette bestiale cruauté. Il interpelle parce qu’il met le CTRI devant le miroir déformant de ses fausses certitudes. Arrivés pour restaurer les institutions et rendre justice au nom du Peuple, les militaires pourraient faire l’objet d’une violente opprobre au terme de laquelle le procès en imposture qui lui est fait depuis quelques mois pourrait prendre du relief.