
Libreville, le 16 Juillet 2025 – (Dépêches 241). Alors que BW Energy multiplie les annonces de découvertes pétrolières et de nouveaux investissements, notamment autour du champ Bourdon à Mayumba, un acteur stratégique du secteur pétrolier gabonais demeure dans l’ombre : Assala Energy. Nationalisée par l’État en 2024, cette entreprise, autrefois fleuron sous contrôle anglo-saxon, fait aujourd’hui l’objet d’un silence institutionnel remarquable. Aucune information récente n’est communiquée sur sa restructuration, son modèle économique ou sa gouvernance. Pendant ce temps, BW Energy occupe toute la scène.
Cette asymétrie soulève des interrogations. Le gouvernement aurait-il trouvé en BW Energy une vitrine rassurante pour les investisseurs internationaux, pendant qu’il réorganise dans la coulisse l’ex-monopole Assala ? Ce double discours, s’il existe, n’est pas illogique : BW, entreprise cotée, bien implantée, capable de communiquer en toute transparence, sert de point d’ancrage diplomatique pour crédibiliser la stratégie pétrolière gabonaise. Assala, en revanche, reste un terrain miné, entre risques financiers, tensions sociales et incertitudes de production.
Pourtant, le cœur de la production nationale reste dépendant d’Assala. En 2022, avant son rachat, la société représentait à elle seule plus de 45% du brut extrait au Gabon. Ce silence prolongé autour de sa gestion laisse craindre soit des difficultés internes majeures, soit une gestion politique ultra-centralisée. Dans un pays où les revenus pétroliers conditionnent l’équilibre macroéconomique, une telle opacité peut nuire à la confiance des partenaires techniques et financiers.
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Le contraste entre la communication dynamique de BW et le mutisme total sur Assala finit par poser un problème de cohérence stratégique. Peut-on parler de transparence et de bonne gouvernance quand la principale entreprise pétrolière du pays est gérée dans un flou épais ? Peut-on bâtir une politique énergétique moderne sur deux registres de communication ? Cette asymétrie pourrait, à terme, affaiblir la crédibilité du pays auprès des agences de notation et des bailleurs.
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Si le gouvernement veut faire de la relance pétrolière un véritable levier de souveraineté et d’attractivité, il devra impérativement clarifier l’avenir d’Assala. Car tant que cette entité centrale restera une boîte noire ni auditée publiquement, ni intégrée de façon transparente dans la stratégie nationale, aucun acteur ne suffira à rassurer les marchés, les partenaires techniques ou les bailleurs. L’absence d’informations sur la gouvernance, la structure de financement ou la performance opérationnelle d’Assala alimente les spéculations, tout en sapant la crédibilité des discours officiels. Il ne s’agit plus seulement d’une question de gestion d’entreprise, mais d’un enjeu de confiance macroéconomique.