Libreville, le 22 décembre 2021 (Dépêches 241). Notre société est plus que jamais une société de violence et d’hypocrisie. Et cela n’a rien d’un jugement maladroit ni partisan. Tout au contraire, l’observation de la réalité oblige à le penser.
Parlant de violence, le moins que l’on puisse dire, c’est que celle-ci s’exprime autant sous forme matérielle (physique) que immatérielle (symbolique). C’est par elle que tout droit à manifester publiquement est aujourd’hui quasiment impossible pour les Gabonais. Qu’il s’agisse de lycéens qui réclament clarification des circonstances du décès d’un de leur condisciple (voir article sur les événements survenus au LTNOB), ou de retraités s’indignant du traitement qui leur est réservé par la Caisse, rien n’est plus toléré sous prétexte de troubles à l’ordre public.
Encore plus violente, parce que doublée de mépris, est l’attitude du gouvernement à l’égard des populations quant à la politique sociale et sanitaire mise en place en vue de lutter contre la propagation du virus de la COVID-19. Ni alimentation de points d’eau pour se laver les mains dans nos villes, ni distribution publique des gels hydro alcooliques et aux masques faciaux pour maintenir le respect des gestes barrières, encore moins le maintien de la politique de soutien des plus démunis par la distribution des kits alimentaires et la prise en charge de leurs factures d’électricité et d’eau.
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Plus rien de toute cette batterie de mesures énoncées de manière triomphante devant les caméras n’a survécu. Tout a très vite disparu à l’image d’un mirage. Juste des mesures contraignantes à tout va ! Qui ne se rappelle pas l’air solennel des membres du gouvernement le 15 décembre dernier ? Violence gratuite sur des populations déjà oppressée par un mode de gouvernance fondé sur la brutalité s’il était besoin de le faire remarquer… Violence toujours de cette cherté de la vie qui angoisse des familles entières depuis l’apparition de la COVID-19 et des restrictions qu’elle engendré.
Violence surtout parce que les gouvernants apparaissent, par leur attitude comme impuissants, sinon complices des ces opérateurs économiques et revendeurs qui, au gré de leurs humeurs, fixent les prix des marchandises. Que dire du coût des transports en commun et de leurs tarifs aujourd’hui plus qu’exagérés ? Tout cela est manifeste de la violence et du mépris qui prévalent au Gabon.
Et l’hypocrisie ? Elle est visiblement devenue l’apanage de tous, du moins, dit-on, du plus grand nombre. Des gouvernants comme des gouvernés, de ceux qui souffrent et de ceux qui génèrent cette souffrance. C’est par exemple cette hypocrisie qui contraint certains médias à ne donner à voir que le Gabon des ministères et autres salons cossus. Les administratifs à ne faire que des bilans élogieux du fonctionnement des institutions dont ils ont la charge. C’est toujours au nom de cette hypocrisie que nos écoles et nos hôpitaux, devenues des mouroirs à double sens de physique et intellectuel, sont néanmoins présentés comme fiables.
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Que sans remords, les partisans du parti au pouvoir présentent ce gouvernement comme le meilleur du monde au point de justifier une politique sanitaire qui depuis deux ans, tue les Gabonais socialement et tue l’économie du pays. Tout cela existe et est connu de tous.
Les crimes crapuleux dits rituels, la pédophilie en milieu sportif, les promotions canapés, la corruption de nos forces de police, qui dont n’en sait rien ici ? Bref ! Ainsi avons-nous choisi de vivre dans ce pays depuis plus de 10 ans maintenant. C’est à croire que l’inhumanité est devenue ce qui nous caractérise le mieux, nous qui n’avons plus d’yeux que pour voir nôtre seul intérêt même lorsque sa préservation met en péril le commun… et le vivre ensemble.