Gabon: Le mutisme effarant des anciens vuvuzeleurs de l’opposition

Les anciens bruyants opposants devenus étrangement silencieux

Libreville, le 23 Février 2022 (Dépêches 2021). Habituées des sorties systématiques et vindicatives nées des actions gouvernementales à polémiques, l’opinion constate ahurie le silence complaisant de plusieurs personnalités politiques à l’heure où le pays traverse l’une des ses plus grosses crises institutionnelles. Ces personnalités qui ont cédé face aux espèces sonnantes et trébuchantes en allant à « la soupe » dans le camp du pouvoir sont aujourd’hui incapables, parce que les bouches pleines, de se lever et de l’ouvrir pour des causes jadis fondamentales pour elles. 

Janis Otsiemi, écrivain gabonais spécialiste des romans policiers surnommé le « James Ellroy » du polar africain sortait en 2012, un roman intitulé « La bouche qui mange ne parle pas ». Cet état de latence et d’armistice né du fait qu’on soit incapable de s’exprimer et de donner son avis parce que conditionné par le sort que l’on réserve à notre ventre, est celui dans lequel se trouvent certaines personnalités politiques naguères très virulentes du temps de leur militatisme dans l’opposition. 

Alors que s’est récemment jouée au Gabon une pièce de théâtre tragi-comique où de façon grotesque et pathétique, les institutions de la République ont été bafouées, piétinées et méprisées. Alors qu’au Gabon on a assisté impuissant à une forte empoignade entre le gouvernement et la société civile, en contestation des mesures gouvernementales perçues comme « iniques » par l’opinion. 

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Alors qu’au Gabon récemment, Ossouka Raponda et ses sous fifres, ont allègrement violé les règles primaires du droit en abrogeant un décret présidentiel par un arrêté, acte réglementaire juridiquement inférieur au décret; alors que Moussa Adamo s’est récemment arrogé le droit de se substituer au président de la République en relevant de ses fonctions le chef d’Etat Major de l’armée gabonaise, prérogative constitutionnelle d’ordinaire réservée au chef de l’Etat, le silence des ces personnalités qui jadis n’avaient pour seule volonté que de défendre le Gabon est assourdissant. 

Le premier d’entre ces hommes n’est autre que « le Bantu », qui a  traversé pieds sur ses valeurs avec armes et bagages pour, dit-il répondre à « l’appel à la Nation ». J’ai cité Jean de Dieu Moukagni Iwangou. Ce juriste émérite du temps de sa quête du pouvoir aux côtés de Jean Ping qui gratifiait les Gabonais de ses envolées lyriques en ferraillant de sa plume pour dénoncer toutes les violations de loi est aujourd’hui muet comme un carpe. Certainement vautré des ses regrets après son assissinat politique auquel il a lui-même participé. En acceptant la compromission , le « Bantu » le plus célèbre d’Afrique a déposé, avec contrainte, ce poignard avec lequel il lacérait de coups, à chacune des ses interventions juridiques, le pouvoir en place. « La bouche qui mange ne parle pas ». 

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C’est sans doute, dans la même posture dans laquelle se trouve Annie Lea Meye, ancienne égérie de l’opposition qu’il s’agisse de ses villégiatures sous feu Mba Obame ou encore sous Ping, quand elle cirait à hu et à dia son amour pour le Gabon et son exécration pour l’argent. C’est pourtant en raison de  l’argent du camp d’en face qu’elle va se vautrer toute honte bue dans le renoncement et le reniement de soi,  surprenant même tout son monde par le biais de Démocratie Nouvelle, à défendre le bilan d’un Ali Bongo Ondimba qu’elle a pourtant toujours honni, répudier et traité d’usurpateur . Passé de l’autre côté , « Ma lé », comme elle se plaît à signer ses écrits s’est tue. « La bouche qui mange ne parle pas ».

Que dire de René Ndemezo Obiang, lui qui fidèle à ses valeurs de transhumants par excellence n’a pas hésité à poignarder Ping en 2016. Aujourd’hui assis avec concupiscence au Conseil Économique et Social, l’homme n’est manifestement plus préoccupé par la situation des Gabonais comme il l’avait indiqué en 2015 en rejoignant Jean Ping en traitant de tous les noms et de tous les maux ceux avec qui il est de nouveau en intelligence. 

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Posture similaire pour Jean Eyeghe Ndong, ex soutien de Jean Ping et opposant depuis 2009, pour qui les termes « président illégitime » « imposture », « usurpation » étaient souvent choisis avec soin, âme et conscience, pour qualifier le magistère de l’actuel numéro un Gabonais. L’homme a finalement effectué un après-midi du 11 août 2021 un revirement spectaculaire en annonçant son retour à « la maison du père ». Comme les autres, Nza Fe s’est dédit, piétinant ses convictions d’antan, reconnaissant implicitement le régime du bord de mer, pour aller évoquer une situation personnelle. 

Sauf à faire usage d’incohérence, on ne peut pas dénier à un homme son statut de président pendant plusieurs années et le reconnaître subitement parce que ne bénéficiant pas du régime spécial de retraite dû aux anciens Premier ministres. C’est un non-sens. Un non sens dans lequel s’est inscrit d’autres personnalités telles que Frédéric Massavala Maboumba ou encore Féfé Onanga. Le dernier cité à l’instar des autres a rejoint le camp d’Ali Bongo Ondimba pour dit-il « représenter le peuple auprès de ces hommes-là ». Une position qui contraste fondamentalement avec le discours qu’il a tenu des années durant.

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Finalement, la question que se posent de nombreux observateurs de la vie politique nationale est celle de savoir quelles sont les réelles valeurs qui sous tendent l’action politique au Gabon? Manifestement pas la recherche du bien commun, préconisée jadis par la pensée antique qui a donné naissance à la démocratie. 

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