Deux mois après l’incarcération de PAM: Petites leçons de choses

Pierre Alain Mounguengui le président de la Fegafoot incarcéré, le Capello Gate semble avoir trouvé son épilogue © DR

Libreville, le 15 juin 2022 (Dépêches 241). Accusé de complicité passive dans la tristement célèbre affaire de pédophilie qui a ébranlé le football gabonais, Pierre Alain Mounguengui séjourne depuis le 27 avril dernier, à la prison centrale de Libreville. Près de deux mois après sa mise en détention préventive, s’impose la nécessité de tirer quelques leçons. 

L’information avait fait l’effet d’une bombe dans la grande famille du football Gabonais. Au terme d’une audition record d’environ 7 jours, à la Direction générale de la contre-ingérence et de la sécurité militaire, Pierre Alain Mounguengui alors fraîchement élu président de la Fédération Gabonaise de football, avait été placé en détention préventive à la prison centrale de Libreville le 27 avril 2022, dans le cadre du Capellogate.

Entendu 10 jours plus tard par un nouveau juge d’instruction, le président fédéral avait été reconduit à « sans familles » au terme d’une procédure judiciaire bancale et jugée viciée par plusieurs observateurs avertis mais surtout, par son avocat, Me Charles-Henri Gey « Les faits de pédophilie ne sont pas documentés : il n’y a pas de victimes connues et identifiées. Aucun enfant ou parent ne s’est plaint. La Fegafoot a même passé des avis à témoin. Il n’y a jamais eu de témoignages » avait déclaré le conseil. Près deux mois après cette mise en détention préventive sujette à caution, certaines leçons semblent frappées du sceau de l’évidence. 

La première leçon des choses à retenir de cette affaire, c’est le fait que depuis quelques semaines et ce miraculeusement, la tristement célèbre affaire de pédophilie qui a bouleversé le football gabonais, semble être tombée dans l’anonymat et sous le silence. Romain Molina, journaliste Français naguère prolixe, et animé par la volonté farouche de faire la lumière sur le scandale sexuel a de façon abrupte et inopinée, cessé ses publications intempestives et épidermiques sur la question. Ceci alors même que les coupables dans le CapelloGate courent toujours. Car, faut-il le rappeler, Pierre Alain Mounguengui a été incarcéré suite aux accusations nées du fait, qu’il n’aurait pas dénoncé les auteurs de pédophilie, lesquels demeurent pour certains en liberté. 

On a la curieuse impression, mieux, l’étrange sentiment que le scandale du CapelloGate a trouvé son épilogue depuis le placement en détention préventive de Pierre Alain Mounguengui lequel, n’est qu’un coupable passif. De quoi consacrer et conforter une nouvelle fois, la théorie d’un règlement de compte qui au regard des faits prend un certain relief.   

Cette première petite leçon des choses dans l’affaire Pierre Alain Mounguengui nous conduit à l’émergence d’une autre, tout aussi curieuse et loufoque. En effet et tout le monde s’accorde à le reconnaître, la problématique de la pédophilie dans le football gabonais date de plus de 30 ans et pourtant, l’ancien arbitre interternational en poste à la tête de la Fédération seulement depuis 8 ans, est le seul à subir – à tort ou à raison – les affres de la justice, tandis que tous les présidents fédéraux qui l’ont précédé durant les 30 dernières années, ne sont pas inquiétés quand bien même, ils pourraient au même titre que PAM répondre des accusations de complicité passive, si tant est que l’affaire était connue de tous comme le prétendent certains. 

Tout se passe comme si des personnalités tapis dans l’ombre, souhaitaient véhiculer dans l’opinion, l’idée que Pierre Alain Mounguengui était la racine du mal du football Gabonais. Or, en son absence, les faits ont démontré que l’organisation du dernier rassemblement des Panthères a été un véritable fiasco, en ce qu’elle a failli coûter la vie aux joueurs et au staff technique de l’équipe nationale. En ce qu’elle a fait courir le risque d’une défaite sur tapis vert aux Panthères du Gabon, laissant ainsi planer sur l’équipe fanion le spectre d’une exclusion de longue durée des compétitions continentales. 

Pierre Alain Mounguengui, le coupable désigné, le coupable idéal, le supposé responsable de tous les maux, mais dont la providence a peut-être consacré le premier acte de la réhabilitation, en ce que son nom n’a pas pu être associé à la gestion catastrophique du dernier rassemblement des Panthères du Gabon. Un rassemblement piloté de bout en bout par la tutelle devenue omnipotente, omnisciente et omniprésente. Un ministre des Sports, devenu chef de tout. Président de la Fédération, directeur de l’Office Nationale du Développement du Sport et de la Culture (ONDSC), intendant etc… Jamais la réponse à la question de savoir « A qui profite le crime ? » n’aura été aussi simple à trouver. 

Pourtant, du fond de sa cellule de la Prison Centrale de Libreville, Pierre Alain Mounguengui a manqué au Gabon. Lui qui aurait pu en sa qualité de membre du Comité exécutif de la Confédération africaine de football, peser de tout son poids pour obtenir le report du match contre la RDC lorsque ses pourfendeurs tentaient de sauver les meubles après le fiasco lié à l’organisation du déplacement des Panthères lors du dernier rassemblement de l’équipe fanion de football Gabonaise. 

La dernière petite leçon des choses non moins importante à retenir, c’est celle liée au silence et à l’atonie des vuvuzéleurs d’antan de Pierre Alain Mounguengui. Ceux là qui peu après sa réélection pour un troisième mandat à la tête de la Fédération Gabonaise de football, ont été les premiers à l’étreindre avant d’être les premiers à l’abandonner au plus fort de ses déboires avec la justice Gabonaise. Des étreintes au goût du « baiser de Juda », frappées sur sceau de l’hypocrisie et de l’opportunisme dont la réelle teneur a vite fait d’apparaître lorsque que les chances de libération de PAM sont devenues exiguës.

Des petites leçons de choses qui devraient permettre à tous et à chacun d’avoir une lecture différente, beaucoup plus pertinente des enjeux et de la teneur du scandale dit du CapelloGate. Elles permettent de comprendre toute la nécessité pour la Fegafoot, le ministère des Sports et l’ONDSC de travailler de concert, pour ne pas jeter par la fenêtre, les bonnes promesses de Cameroun 2022.

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