Libreville le 20 avril 2023 – (Dépêches 241). L’Union nationale initiale (UNI) semble disposée et ouverte à l’idée de travailler avec le pouvoir détenu par Ali Bongo Ondimba. Une inclinaison née d’un fragment de discours prononcé par Paul-Marie Gondjout himself, le 15 avril dernier, à l’occasion d’une sortie de sa formation politique. A l’heure où dans l’opposition, la vision est à la rupture avec le pouvoir en place et la quête de l’alternance au sommet de l’Etat, le gendre de Zacharie Myboto nage à contre-courant de cet objectif en ouvrant la porte à un arrangement avec le parti au pouvoir pour dit-il « gérer ensemble le Gabon ».
Le 15 avril dernier, Paul Marie Gondjout, procède à l’installation des Délégués de la femme et de la jeunesse de l’Union Nationale Initiale. Celui qui a quitté avec fracas, l’Union Nationale (UN) auréolé du statut supposé de victime du diktat de Paulette Missambo and cie va alors prendre la parole.
Inspiré sans doute par la volonté de rendre publique une portion de la vision et de l’idéologie de son parti politique, Paul Marie Gondjout va se livrer une première fois. « Il n’est pas question que dans ce pays, il n’y ait qu’un seul clan, qu’un seul parti qui assure la gestion de ce pays. Aujourd’hui, nous sommes dans le multipartisme. Et si nous sommes dans le multipartisme, il faut qu’il y ait une compréhension de ce que le pays doit être dirigé par tous », lance-t-il d’abord pour annoncer la couleur.
Dans un langage alambiqué, l’ancien vice-président de la Commission Nationale Électorale poursuit et finit à son corps défendant par se dévoiler. « Il faut savoir ouvrir le jeu démocratique. Il faut savoir laisser la place aux autres pour que nous puissions gérer ensemble ce pays. Il n’est plus question qu’un seul parti ait tous les rouages institutionnels. Nous devons ouvrir le jeu démocratique pour que tous les Gabonais se sentent impliqués dans la marche du pays », lâche-t-il.
Les effluves d’une opposition du Pouvoir
Bien qu’ayant fait usage d’un phrasé édulcoré pour ne pas laisser transparaître de façon claire ses intentions derrière son message, cette déclaration porte tous les atours d’un appel du pied de l’Union Nationale Initiale au Parti Démocratique Gabonais (PDG). Car en parlant d’ « Ouvrir le jeu démocratique » et « gérer ensemble le pays » Paul-Marie Gondjout fait savoir sans l’assumer son intention de dealer avec le pouvoir détenu par Ali Bongo Ondimba à quelques mois de l’élection présidentielle.
Constat fait, Paul-Marie Gondjout et l’Union Nationale Initiale ne semblent que très peu préoccupés par l’alternance au sommet du pays. Cet idéal pour lequel ses congénères de l’opposition – si tant est qu’il en fasse vraiment partie – aspirent toujours. Sinon, comment justifier que la préoccupation du conjoint de Chantal Myboto soit celle d’une cogestion du pays avec le parti au pouvoir à quelques mois d’une échéance présidentielle ?
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Souvenez-vous. Au plus fort de la guéguerre intestine entre pro Gondjout et pro Missambo au sein de l’Union Nationale, s’accusant mutuellement d’intelligence avec le pouvoir, le fils de Paul Gondjout avait en ce temps donné un positionnement qui contraste avec son discours actuel. « Moi je suis le candidat de l’alternance et du progrès, l’autre équipe est en collaboration avec le pouvoir » avait-il affirmé dans une interview à Radio Gabon.
« Le temps est une donnée fatale à laquelle rien ne résiste ».
Une attaque frontale qui avait fait réagir le camp d’en face par le truchement de Hyacinthe Martial M’ba Allogho. « Gondjout s’attribue une ambition contraire à la sienne pour indûment s’approprier celle de son adversaire. N’est-ce pas dans son équipe qu’on a déjà commencé à travailler avec le PDG, voire à lui adresser des appels du pied ? » avait-il rétorqué.
Si les Gabonais cherchaient une preuve ou l’épilogue de cet épisode pendant lequel l’Union Nationale aile Missambo et aile Gondjout se faisaient un procès en traîtrise et fourberie, ils l’ont grandeur nature dans la trajectoire que souhaite prendre Paul-Marie Gondjout et ses suiveurs. A l’épreuve des faits et du temps, le ciel s’est éclairci. On sait désormais que l’Union Nationale est engagé dans un « virage de fracture et déterminés à préserver l’esprit de combat pour l’alternance démocratique » quand l’Union Nationale Initiale « veut livrer le parti au pouvoir pieds et mains liés ».
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Pour s’en convaincre, il suffit d’observer les derniers évènements politiques. Quand l’Union Nationale de Paulette Missambo claque la porte de la concertation politique de mars dernier, l’Union Nationale Initiale de Paul-Marie Gondjout y participe gaillardement et poussant le vice à son paroxysme, se permettant même de défendre les résolutions sécrétées par celle-ci, bien que conscient de ce qu’elles torpillent les acquis démocratiques du Dialogue d’Angondjé tout en faisant le lit pouvoir.
De quoi altérer davantage la confiance entre les acteurs politiques et les citoyens, pourtant fondamentale pour l’équilibre de la démocratie, et accentuer le rejet total de la classe politique par les populations. L’espoir suscité par Paul-Marie Gondjout n’était alors que chimère. En inaugurant sa permanence politique il y a un an et en déclarant, « J’ai ouvert cette permanence politique parce que j’estime que j’ai quelque chose à dire et à faire pour mon pays », très peu se doutaient qu’il était alors question de « chercher à gérer ensemble le pays » avec le PDG et le pouvoir en place.
