Libreville, le 20 juin 2024 – (Dépêches 241). Le nouveau code électoral contesté et particulièrement critiqué par les députés acteurs de la société civile et de l’opposition a finalement été adopté à main levée hier et à la majorité, par la représentation nationale. Une adoption controversée au regard de la lettre de l’esprit de cette nouvelle loi considérée par beaucoup comme antidémocratique car consacrant un véritable recul de la démocratie. Tout le contraire de la volonté des nouvelles autorités engagées pourtant à restaurer les institutions.
« Mercredi noir. Seuls 10 députés ont voté contre le retour de l’organisation des élections au Ministère de l’Intérieur. C’est enfin notre essor vers la félicité ! ». C’est en ces mots empreints de gravité, d’ironie et de profond désarroi que le député de la Transition, Jean Valentin Leyama a commenté l’actualité relative à l’adoption par l’Assemblée Nationale du nouveau code électoral.
Hier, plus de la majorité des Députés, soit 90% des représentants du Peuple ont fait le choix de consacrer une loi qui selon plusieurs observateurs, est aux antipodes de l’objectif recherché dans cette Transition qui est la Restauration des Institutions. C’est notamment l’avis du 4e Vice-Président de l’Assemblée Nationale qui s’est insurgé contre ce projet de loi indiquant qu’il « consacrait un véritable recul démocratique » en même temps qu’il constituait « une insulte pour notre démocratie », surtout dans un contexte de Transition et de Restauration des Institutions.
Il est en outre reproché au Gouvernement de la Transition un empressement qui n’augure rien de bon,si ce n’est cette volonté insidieuse de faire entrer dans le corpus juridique Gabonais « un texte qui enterre tous les acquis démocratiques », comme le souligne d’ailleurs Jean Valentin Leyama. Plusieurs personnalités se sont en effet questionnées sur l’étrange volonté d’Herman Immongault de soumettre en débat au Parlement, une question qui n’avait pertinence à être soulevée qu’après le référendum.
Des accusations que ne partagent pas d’autres élus du Peuple, qui y voient plutôt un acte fort de la Transition non sans émettre la possibilité de la réviser si d’aventure, elle s’éloigne des aspirations du Peuple. « C’est une loi de la nation. Elle n’est pas provisoire mais elle est susceptible d’être modifiée pour l’adapter à certaines dispositions de la constitution qui sera adoptée par référendum avant fin 2024 », a expliqué un député qui a voté en faveur du nouveau code.
Pour rappel, le nouveau code autorise le ministère de l’Intérieur d’organiser les élections en lieu et place de l’ancien Centre gabonais des élections (CGE) dont la dissolution a été recommandée par le dialogue national inclusif tenu dans le pays du 2 au 30 avril dernier.