Libreville, le 16 septembre 2024 (Dépêches 241). Le 8 juillet dernier, le citoyen gabonais Hervé Patrick Opiangah, assisté de son huissier de justice, déposait une plainte contre X au Tribunal de Libreville, pour concussion, fraude fiscale et haute trahison à la suite d’un protocole transactionnel signé par des hauts cadres de la République, condamnant l’Etat à payer indûment 66 milliards de FCFA au profit de l’entreprise maltaise Webcor ITP dans le cadre de la construction du Grand Marché de Libreville. Deux mois plus tard, la justice gabonaise continue de briller par un étonnant silence qui fait désormais penser dans l’opinion que cette affaire profiterait vraisemblablement à des gros bonnets du régime militaire qui s’emploieraient à tout mettre en œuvre pour l’étouffer.
L’affaire est connue depuis dix (10) semaines aujourd’hui, tant elle a été fortement médiatisée. L’homme d’affaires et citoyen gabonais Hervé Patrick Opiangah a déposé une plainte contre X au Tribunal de Première Instance de Libreville pour concussion, fraude fiscale et haute trahison contre l’État dans l’affaire opposant la société WebCor ITP à l’État gabonais, au sujet de la construction du Grand Marché de Libreville dans les anciens Jardins de la Peyrie.
Pour rappel, en 2015, l’État gabonais avait suspendu le projet de construction du Grand Marché de Libreville, provoquant un contentieux avec Webcor ITP, la société retenue pour la réalisation des travaux. Après une bataille judiciaire particulièrement âpre, la Cour d’Appel de Paris avait fini par donner raison au Gabon en annulant une décision arbitrale qui condamnait l’État à verser 66 milliards de FCFA à l’entreprise. Seulement, de façon proprement extraordinaire, l’Agence Judiciaire de l’État (AJE) et le Conseil d’État gabonais, sous le règne du CTRI, vont signer un protocole transactionnel condamnant leur Nation à payer les 66 milliards de FCFA à Webcor ITP.
Une situation qui a suscité et motivé la démarche du citoyen Hervé Patrick Opiangah et ses conseils qui, lors d’une conférence de presse donnée le 31 juillet dernier, avaient fait des révélations particulièrement troublantes sur cette affaire, promettant de suivre avec attention et minutie ce dossier d’une gravité extrême et en invitant le Parquet à se saisir de cette affaire, afin d’ouvrir des enquêtes et entendre toutes les personnes qui pourraient être mêlées à ce dossier.
Malheureusement, plusieurs mois après, la justice, habituellement prompte à se saisir pour des délits et crimes mineurs, demeure étonnamment atone sur cette affaire d’une gravité inouïe, consacrant « un refus de porter assistance à sa patrie en danger », selon les avocats d’Hervé Patrick Opiangah. Cette situation fait désormais penser au sein de l’opinion publique gabonaise que ce scandale profite à des hautes personnalités du nouveau régime qui travailleraient activement à étouffer ce dossier devenu clairement gênant pour la justice transitionnelle.
Pire, la proximité supposée avec Diane Moussounda directrice générale de l’agence judiciaire de l’Etat, qui pour l’heure n’est toujours pas inquiétée alors que Jean Paul Komanda a été démis de ses fonctions laisse penser que cette dernière bénéficie d’un parapluie au plus haut sommet de l’Etat qui fait d’elle une justiciable au dessus de la loi. Le voeu d’une justice forte demandée par le Général-Président s’en trouve ainsi galvaudé par lui même du reste, car incapable de le faire appliquer.
Une attitude du chef de l’Etat qui interroge à bien des égards en ce qu’il se vautre dans une sorte d’indignation sélective. Outrés et choqués par les révélations faites sur la mafia autour de la SEEG, Brice Clotaire Oligui Nguema et son CTRI se taisent pourtant devant une atteinte à l’État matérialisée par le scandale de Haute Trahison relatif à l’affaire Webcor. Cherchez l’erreur !