Libreville, le 28 août 2024 – (Dépêches 241). Le Président de la transition, Chef de l’État, Brice Clotaire Oligui Nguema, est depuis quelques jours monté au créneau s’agissant de la situation scandaleuse de la Société d’Énergie et d’Eau du Gabon (SEEG). Une exaspération qui a trouvé son épilogue hier par la décision de mise sous administration provisoire. Une réaction présidentielle salutaire que l’on attend également s’agissant du scandale de haute trahison WebCor ITP pour lequel, Brice Clotaire Oligui Nguema et son état-major restent étrangement silencieux.
Le Président de la Transition, Chef de l’Etat, le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, a posé un acte fort hier par le biais du communiqué n°65 du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI) en mettant sous administration provisoire la SEEG, laquelle en plus du service exécrable qu’elle offre à ses usagers, a fait découvrir à l’opinion l’immensité des malversations financière en son sein, symbolisées par la piraterie des tickets Edan. Un indécent vol savamment organisé par dit-on des pontes du régime ancien et même du pouvoir actuel détenu par les militaires. Un ensemble de faits jugés malséants et inconvenants qui ont logiquement conduit le Président de la République à prendre des décisions salutaires avec une certaine promptitude, du reste saluée par les populations.
Si dans ce contexte de Transition ce type d’initiative résume ce qu’on attend d’un militaire au pouvoir, il est curieux de constater, de façon quelque peu consternante, le deux poids deux mesures, l’irascibilité et l’exaspération sélectives dans laquelle semble s’engluer et s’enliser le Général-Président. Peu de compatriotes ont en effet du mal à comprendre comment les événements de Port-Gentil et la situation de la SEEG ont provoqué l’ire et le courroux de Brice Clotaire Oligui Nguema, mais que ce dernier demeure inexplicablement silencieux, flegmatique et indifférent au scandale d’une gravité inouïe qu’il est désormais commun d’appeler l’Affaire WebCor ITP. Une affaire dont la gravité est hautement plus affirmée que les faits pour lesquels il s’est insurgé.
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Doit-on le rappeler, l’affaire WebCor ITP est un scandale oscillant entre malversations financières, concussion, fraude fiscale et haute trahison dans le dossier de la construction du Grand Marché de Libreville. Une affaire mêlant des hauts commis de l’Etat. Les concernés, par le biais d’un protocole transactionnel ont fait annuler une décision de la Cour d’Appel de Paris pour faire prospérer une décision empreinte d’irrégularités de la Cour arbitrale de Paris, condamnant l’Etat Gabonais à payer plus de 66 milliards à l’entreprise maltaise WebCor ITP.
Des faits qui en droit consomment amplement le crime de Haute Trahison et dans la moindre mesure des crimes d’atteinte à la souveraineté de l’Etat. Pourtant, de tels actes ne semblent pas réveiller ce sursaut patriotique incarné par le slogan « Honneur et fidélité à la Patrie ». Un slogan hautement symbolique qui semble ainsi galvaudé par cette passivité et cette apathie du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema. Alors que l’occasion lui était donnée dans cette affaire de prouver enfin à ses compatriotes que son arrivée au pouvoir est véritablement et sincèrement frappée du sceau de la Restauration des Institutions, le Président de la Transition qui a fait le choix de se mettre des oeillères, semble se complaire dans une posture qui laisse prospérer diverses interprétations, dont celle d’une complicité passive.
En soi, cette attitude sonne plus que mal. Elles donnent d’abord à lire de façon claire l’idée non saugrenue que le CTRI et sa Cour ont fait le choix délibéré de faire l’impasse sur ce scandale innommable, puisqu’ils trouvent tout de même l’énergie de s’insurger sur d’autres errements de cette Transition. Cette posture est ensuite frappée du sceau de l’indécence, du reniement de soi et du non-respect de la parole donnée. En réalité, les précurseurs et promoteurs de l’honneur et fidélité à la Patrie ne sauraient s’accommoder d’une telle affaire dont les faits montrent clairement que la Patrie a été trahie, flouée et pervertie. Elle dit par ailleurs de manière relativement claire la volonté du Général-Président à ne pas appliquer de façon objective et impartiale l’essence de son discours de Kango. « Le changement suppose avoir une justice forte (…) celui qui mérite d’être puni, doit être puni ». Si ce n’est pas une trahison, en tout cas, c’est tout comme.
Aux assidus des raccourcis intellectuels, de la petitesse d’esprit et des adeptes de la basse besognes, l’opinion porte l’espoir de ce que des réflexions ne seront pas menées dans le but de réduire au silence les compatriotes journalistes et le responsable de Dépêches 241 pour avoir pris à bras le corps ce dossier dans le but d’interpeller les tenants du pouvoir tel que nous le commande la Constitution de la République.
À ces derniers, il est important de rappeler cet extrait du discours d’investiture du Président de la République Himself citant Desmond Tutu. « Si vous êtes neutres dans une situation d’injustice, c’est que vous avez choisi d’être du côté de l’oppresseur ». Et d’ajouter cette célèbre citation de Frantz Fanon « Chaque génération doit, dans une relative opacité, découvrir sa mission, la remplir ou la trahir ». Certains compatriotes compromis dans l’affaire WebCor ITP ont choisi la leur, au CTRI de choisir la sienne et ne pas oublier qu’elle sera inscrite et imprimée dans la postérité.