Gabon: Ndongou a-t-il transposé les pratiques avilissantes du régime Bongo-PDG au sein de l’Assemblée nationale de transition ? 

L’ancien ministre de l’Intérieur d’Ali Bongo n’aurait pas changé de pratiques même au sein de la Transition ©DR

Libreville, le 8 octobre 2024 – (Dépêches 241). Depuis un an déjà, Jean François Ndongou, ancien affidé d’Ali Bongo Ondimba, occupe un poste clé au sein de l’Assemblée Nationale de la Transition, une période durant laquelle son leadership a suscité de vives inquiétudes et critiques parmi les acteurs et les observateurs de la vie politique gabonaise du fait de ses accointances avec le régime déchu et de son passif redoutable et peu enviable. 

Avec une approche jugée autoritaire, François Ndongou aurait opéré de nombreux changements depuis son arrivée dans l’institution en imposant beaux fils et belles filles, souvent au mépris des procédures établies. En effet, il est accusé d’avoir procédé à des révocations de fonctionnaires nommés en Conseil de Ministres par de simples notes émanant de son Secrétaire Général (pourtant magistrat), contournant ainsi les processus collectifs et décisionnels en vigueur. 

Pour Sieur Ndongou , une simple note du Secrétaire Général serait au-dessus du Conseil des Ministres. Toutefois, ces personnes chassées de leurs bureaux pourraient constituer un boulet pour l’administration de l’Assemblée Nationale : légalement ils sont encore en service dans cette institution et leurs avantages coupés leurs sont dus. À qui François Ndongou  pense-t-il filer cette patate chaude puisqu’il semble bien conscient de la durée limitée de son mandat dans l’Institution ? 

Cette gestion hasardeuse et catastrophique a engendré des conséquences préoccupantes pour le bon fonctionnement de l’Institution. Depuis son arrivée à l’Assemblée Nationale, aucune nomination n’est jamais passée en Conseil des Ministres, privant ainsi l’Institution toute entière d’efficacité et de rendement optimal puisque plusieurs postes à ce jour restent même vacants. En effet, plusieurs postes stratégiques sont demeurés vacants, dont ceux du Directeur Général des services législatifs, du Directeur de Séances, du Directeur des ressources humaines et du Chef de service de maintenance. 

LIRE AUSSI: Proposition d’augmentation du nombre de politiques à l’Assemblée nationale: la proposition indécente du «collabo» Jean François Ndongou

L’absence de ces directeurs clés paralyse considérablement les activités législatives et reste de nature à nuire à la qualité des activités au sein de l’Assemblée Nationale. De la simple sonorisation catastrophique des salles de réunion à la qualité des cérémonies en passant par le protocole, l’Assemblée Nationale sous Ndongou semble très largement en dessous des standards requis. Il apparaît très clairement que Jean François Ndongou semble n’avoir rien compris du rôle qui lui a été confié par les autorités de la Transition.

Les inquiétudes ne s’arrêtent pas là. Les indemnités, pourtant essentielles pour la motivation des employés, semblent être gérées à la tête du client alors que les textes qui régissent le fonctionnement de la maison existent. Ce manque de clarté, de transparence et d’impartialité  quant aux compensations financières gérée en toute opacité avec ses amis de l’ancien régime déchu suscite une inquiétude grandissante parmi le personnel, qui redoute que cette instabilité ne compromette non seulement leur avenir professionnel, mais aussi celui de l’Institution dans son ensemble puisque la collaboration avec le reste du bureau pourrait s’effondrer à tout moment. Sur les postes vacants, les questions se multiplient sur la destination des fonds des indemnités des personnes supposées occuper ces postes.

Il n’échappe à aucun membre du bureau de ce parlement de Transition que le Président de l’Institution n’a pas compris le caractère exceptionnel de sa mission. En effet, il lui est reproché de prendre des initiatives au nom du Parlement sans s’en référer à ses pairs. C’est le cas par exemple de sa première rencontre avec le Président Oligui Nguema où il avait plaidé au nom du bureau de l’Institution pour que le nombre des députés soit revu à la hausse sans consultation aucune avec ses pairs. 

LIRE AUSSI: Transition: Oligui Nguema confie la présidence de la Constituante à un affidé du régime Bongo-PDG 

Pour lui, les autres Vice- présidents sont réduits au rang de vaguemestre. Ainsi, plus d’un an après leur nomination, les membres du bureau de l’Assemblée Nationale de Transition seraient toujours à pied. Seul Jean François Ndongou jouit de tous ses attributs de pouvoir et il s’est dépêché de faire livrer d’autres véhicules pour satisfaire les siens sans consultation aucune avec les autres membres du bureau pour la répartition de ces moyens roulants. Ce manque de rigueur, de collégialité et de respect des procédures pourrait non seulement nuire à la crédibilité de l’Assemblée, mais également exacerber les tensions au sein de l’Institution dans un pays où la transparence et l’intégrité sont plus que jamais attendues par les populations avides de changement.

Face à cette situation qui risque de plomber l’Institution, il est impératif que les membres de l’Assemblée Nationale de la Transition et les instances de contrôle se mobilisent pour questionner la légitimité des décisions de Jean  François Ndongou et ses capacités à incarner cette Institution à l’heure où les Gabonais veulent tourner la page des méthodes nocives ayant conduit le pays dans l’abîme. Il est temps d’exiger des comptes et de rappeler à tous les acteurs que la transparence, la gouvernance participative et le respect des procédures sont les fondements d’une démocratie saine et durable.

Alors que le Gabon se trouve à un carrefour politique important, la manière avec laquelle Jean François Ndongou poursuit sa mission au sein de l’Assemblée Nationale semble inquiéter dans l’opinion. Les mois à venir seront déterminants pour l’avenir du pays et pour la réponse des Gabonais face à un leadership qui, pour certains, semble plus soucieux de préserver des intérêts personnels que de servir le bien commun. Dans ce contexte, la vigilance citoyenne et l’engagement de la société civile seront essentiels pour garantir que la Transition ne soit pas qu’un simple retour à l’ancien ordre.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*