Libreville le 25 avril 2022- ( Dépêches 241). Au-delà de l’actualité liée à l’audition prolongée de Pierre Alain Mounguengui, président de la Fédération Gabonaise de Football, une réalité est passée inaperçue. Celle née du fait que celui qu’on présente aujourd’hui comme le complice des pédophiles dans le football gabonais depuis 30 ans était encore, et ce étrangement, de bonne moralité avant le 16 avril, vu que le 14 avril il a été nommé en conseil des ministres en qualité d’Inspecteur général au ministère des Sports, sous la proposition de Franck Nguema, ministre de tutelle.
Une démarche incohérente, un épilogue insolite et paradoxal, mieux, un revirement de situation qui fait planer l’ombre d’un règlement de compte. C’est en tous points ce qui émerge de l’analyse de la chronologie des faits dans la situation qu’il est désormais commun d’appeler « l’Affaire Pierre Alain Mounguengui ». Une affaire dont les effluves de la conspiration se font ressentir nonobstant tout le mal que se donnent les conspirateurs pour tenter de faire avaler la couleuvre à l’opinion.
Pierre Alain Mounguengui est depuis le 21 avril dernier auditionné par la Direction Nationale de la Contre-Ingérence et de la Sécurité Militaire communément appelé B2 dans l’affaire de pédocriminalité vieille de 30 ans dans le football Gabonais et dénoncée par le média britannique The Guardian. Une audition qui intervient moins d’une semaine après sa réélection et qui ferait de lui, comme par extraordinaire, après sa victoire à l’élection de la présidence de la Fegafoot, un complice manifeste.
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Un statut qui n’était pourtant pas à l’ordre du jour avant l’assemblée générale élective qui s’est tenue à Lambaréné le 16 avril dernier. Pour s’en convaincre, il suffit de se tourner vers la nomination dont il a fait l’objet le 14 avril dernier. Une nomination qui n’aurait pu se être effective si le ministre de tutelle ne s’était pas préalablement assuré de la moralité et de l’éthique de la personnalité qu’il proposait au Chef de l’Etat en qualité d’inspecteur général des services au ministère des sports.
En effet, sauf à faire preuve d’une méconnaissance totale de certaines conditions, – ce qui serait constitutif d’une faute professionnelle grossière -, il est évident que Franck Nguema s’est préalablement assuré de l’innocence de Pierre Alain Mounguengui dans ces actes abjectes de pédophilie avant de proposer son nom pour une nomination en conseil des ministres. En prenant notamment appuie sur différents procès verbaux inhérents aux précédentes auditions subies au B2 par l’actuel président de l’instance faîtière du football gabonais.
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Dès lors, si les enquêtes, auditions réalisées et compilées accablaient PAM, pourquoi l’instance suprême de l’exécutif qu’est le conseil des ministres a-t-elle songé à faire nommer Pierre Alain Mounguengui comme inspecteur général au ministère des sports ? Franck Nguema a-t-il induit en erreur Ali Bongo Ondimba en faisant nommer quoique maladroitement un potentiel responsable de la pédophilie comme Inspecteur général au sein de son dépatement ministériel ? Ou bien, Pierre Alain Mounguengui est-il devenu coupable subitement après avoir gagné l’élection en disposant de Jerome Efong Nzolo, celui qu’on présente comme le candidat de la tutelle ?
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A la lumière de ces éléments, il apparait de façon claire et évidente qu’au regard de l’évolution de la situation, il est légitime de faire poindre l’idée qu’on ne soit plus dans la recherche d’une quelconque vérité ou justice sur la pédophilie dans le monde du football gabonais mais dans un acharnement aux allures de règlement de compte ou de vengeance. Car rappelons nous, le conseil des ministres actant la nomination de PAM qui l’écarte de la course à la présidence de la Fégafoot est curieusement le même qui démet Efong Nzolo de sa fonction de DGA de l’Office National du Sport et de la Culture, lui dressant à l’occasion un pont d’or vers le siège de la Maison Alexandre Sambat.
Des manœuvres insidieuses empreintes de légèreté qui non seulement font présumer le complot et la conspiration mais qui consacrent clairement le fait qu’elles n’émanent pas de la tête pensante au sommet de l’Etat mais d’un micro pouvoir tapis dans l’ombre. « Cette manière de faire ne peut nullement venir d’Ali Bongo Ondimba dont nous maîtrisons le mode de fonctionnement et l’ADN politique. C’est dire qu’elle est l’œuvre de zélés qui ont une parfaite méconnaissance du pouvoir et de ses revers ? s’interroge Télesphore Obame Ngomo dans sa célèbre tribune le Débat Missele Eba’a: Un acharnement ridicule.