Libreville, le 18 mai 2022 (Dépêches 241). Le samedi 14 mai dernier, Jean Eyeghe Ndong est allé manifester son soutien à Camélia Ntoutoume, promue membre du Comité permanent du bureau politique du Parti Démocratique Gabonais (PDG) pour le compte de la province de l’Estuaire. Le dernier Premier ministre d’Omar Bongo récemment nommé Haut-Commissaire à la Présidence de la République, a ainsi confirmé son retour à « la maison du père » mais surtout, a relancé le débat autour des réelles valeurs qui sous-tendent l’action politique de ces dinosaures, qui occupent la scène médiatique et se partagent les strapontins au sommet de l’État depuis de nombreuses années, avec les résultats que nous connaissons.
« En politique, il n’y a pas d’amis, il n’y a que des intérêts ». Cette maxime populaire semble être la boussole qui guide de nombreux acteurs politiques Gabonais depuis de nombreuses années lesquels, au gré de leurs avantages individuels, retournent leurs vestes. Nouvelle illustration de cette triste réalité, le cas Jean Eyeghe Ndong.
« Nza Fe » comme l’appelle ses intimes, avait claqué la porte du Parti Démocratique Gabonais en 2009 au lendemain de la mort d’Omar Bongo, avant de rejoindre l’opposition. Près de 10 années durant, sans réserves, Jean Eyeghe Ndong a dénoncé les travers du pouvoir en place aux côtés d’André Mba Obame puis de Jean Ping. Et puis, patatras. Le 11 août 2021, l’ancien Premier ministre a surpris son beau monde en claquant cette fois-ci la porte de l’opposition. « Je décide ce jour de me déployer ailleurs que dans la CNR et de me mettre à la disposition de la République c’est-à- dire de l’Etat » avait-il déclaré.
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Cette démarche lui a permis d’être promu Haut Commissaire de la Présidence de la République lors du conseil des ministres du 4 mars certes, mais elle a également eu le mérite de soulever de nombreuses interrogations, concernant les valeurs et les principes qui fondent l’action des leaders politiques. Mieux, elle a également remis au goût du jour la sempiternelle problématique de la transhumance politique. Ce virus, qui gangrène une classe politique Gabonaise, dans laquelle à l’instar de véritables caméléons, les acteurs changent de camp au gré du vent, à la teneur du ventre, sans qu’on ne comprenne au final, la consistance de leur idéologie politique.
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Sinon, quels sont les mobiles qui ont conduit Jean Eyeghe Ndong à faire volte-face pour rejoindre Ali Bongo Ondimba, un homme dont il a toujours décrié le mode de gouvernance tout en le traitant d’imposteur ?. Si l’objectif de Nza Fe était de servir l’intérêt des Gabonais, n’aurait-il pas pu le faire dans l’opposition ? Ne sert-on le pays qu’au sein du régime, du parti au pouvoir ?
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En l’absence de réponses convaincantes à ces interrogations, les acrobaties de Jean Eyeghe Ndong, ne seront pas pour rétablir la confiance entre les acteurs politiques et les citoyens, pourtant fondamentale pour l’équilibre de la démocratie. Pire, certains observateurs avertis voient derrière la transhumance, le risque à long terme d’un rejet total, de la classe politique par les populations.