Libreville, le 26 avril 2024 – (Dépêches 241). Connu pour sa verve dénonciatrice, son sens inné du patriotisme et ses combats pour le respect de l’État de droit avant la Transition et sa nomination à l’Assemblée Nationale, Geoffroy Foumboula Libeka semble avoir rangé ses convictions d’antan, si tant est qu’elles étaient sincères et réelles, dans le tiroir de la complaisance et de la cupidité. L’exécration qu’il avait pour la mauvaise gouvernance, les faits tels que la corruption, la concussion et les détournements des deniers publics semble s’être évaporée au contact de sa fonction, à en juger par le silence indécent dont il fait montre depuis l’émergence du scandale d’une gravité inouïe nommée WebCor ITP.
Acteur de la société civile et membre important du Copil Citoyen, Geoffroy Foumboula Libeka s’était distingué ces dernières années par les luttes et les combats qu’il avait souvent menés contre les injustices sociales, les exclusions, la mauvaise gouvernance des dirigeants de l’époque, le non-respect de l’État de droit, le népotisme et le clientélisme au sommet de l’État, si bien que sa nomination au poste de 4ème Vice-président de l’Assemblée nationale de Transition avait majoritairement été saluée par le peuple, qui voyait là un positionnement encore plus haut pour continuer de mener ses nobles combats.
Seulement, depuis lors, tout semble s’être déréglé chez l’ancienne figure de proue du Copil Citoyen. L’enfant de Kinguélé aurait fait tomber dans l’oubli ses convictions et ses luttes d’hier, pour désormais se complaire dans le confort et les délices de sa nouvelle fonction. L’opinion fait aujourd’hui face à une version revisitée de Geoffroy Foumboula Libeka, habité à présent du syndrome de l’indignation sélective qui le conduit à évoquer certains sujets, pas plutôt que d’autres.
Un Foumboula Libeka désormais habité du syndrome de l’indignation sélective
C’est encore la posture qu’il a eue dernièrement. Alors qu’il reste grandement attendu sur le scandale WebCor ITP qui défraie la chronique depuis de longues semaines, scandale dans lequel de hauts cadres de la République ont choisi de flouer l’État à travers ce qu’on peut qualifier de haute trahison, Geoffroy Foumboula Libeka s’est plutôt empressé de se prononcer sur la procédure judiciaire impliquant la libération de la prison centrale de Libreville l’activiste Landry Washington à la suite d’un coup de fil supposé du Palais, s’attaquant au passage à toutes les personnes qui ont fustigé l’immixtion du Pouvoir Exécutif dans une procédure judiciaire indépendante, y compris les journalistes ayant fait écho de la situation.
Cette disposition et cette obstination pernicieuses à défendre l’Exécutif sans lucidité et sans objectivité, c’est celle dans laquelle il s’est vautré sur la question du Référendum en prétextant que seuls « sont démagogues » ceux qui hors de l’Exécutif invitent à voter pour le OUI sans avoir consulté le projet constitutionnel. Comme si ceux de l’Exécutif qui ont opté pour la même posture ont la légitimité de faire campagne pour le OUI dans un projet du ressort du pouvoir législatif s’écartent de cette logique démagogique. Un deux poids deux mesures éloquent, qui trahit clairement son parti pris et sa déclinaison à caresser le Général-Président dans le sens du poil pour ne pas mettre en danger les privilèges dont il jouit désormais. Mais en quoi est-il différent des PDGistes ? Des Kounabélistes et des courtisans d’hier ? Les questions en bon droit se posent.
Pire, on découvre aujourd’hui un homme plein de suffisance, d’arrogance et de prétentions, qui ne manque pas d’occasion de rappeler à tous ceux qui ne partagent pas son point de vue, leur cécité intellectuelle. Tout se passe comme si depuis sa nomination à l’Assemblée nationale de Transition, Geoffroy Foumboula Libeka aurait connaissance sur tous les sujets. Pour s’en convaincre, il suffit d’y jeter un regard sur ses réseaux sociaux et voir comment l’ancien étudiant de l’Institut National des Sciences de Gestion (INSG) traite avec morgue et condescendance aujourd’hui toutes les personnes qui pensent différemment de lui, leur rappelant inlassablement qu’elles ne comprennent rien de la teneur de ses écrits et prises de parole.
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L’incohérence et l’imposture de Foumboula Libeka désormais mises à nu
Dans les faits et selon toute convenance, on aurait pu considérer que la désignation d’un acteur de la société civile de la trempe de Geoffroy Foumboula Libeka Makosso à la Vice-présidence de l’Assemblée Nationale participait d’une initiative de restauration de la dignité collective et d’une volonté d’équilibre de posture dans un environnement infesté des politiques biberonnés au logiciel de l’ancien régime. Mais visiblement rien n’y fait, puisque la force d’esprit que nécessite pareille posture semble lui manquer désormais. Sinon on aurait du mal à comprendre pourquoi s’agissant de la gravité du scandale WebCor ITP, attentatoire du reste à la souveraineté du pays, le très virulent Foumboula Libeka fait le mort et l’aveugle. Dans un autre temps, il serait déjà monté au créneau via des Lives et des plaintes à la Cour Constitutionnelle.
Lui qui s’est employé à mener des investigations dans l’affaire Landry Washington pour justifier l’acte du Palais, ne s’est bizarrement pas senti dans l’obligation de mener des investigations dans ce scandale d’une gravité inouïe où des Hauts commis de l’Etat en intelligence avec une entreprise étrangère, ont soufflée plus 66 milliards à l’Etat. Du haut de sa fonction, il bénéficie même d’un levier républicain symbolisé par l’enquête parlementaire. Mais tout cela est clairement aux antipodes de ce que l’on doit désormais attendre de l’ex acteur de la société civile, au moment où il importe de tracer les chemins du Gabon qui vient. On n’en sait désormais un peu plus de là où se place « le Curseur » du nouveau Geoffroy Foumboula Libeka Makosso. Dans la complaisance, le reniement de soi, le contentement et le Kounabelisme revisité, le tout pour quelques espèces sonnantes et trébuchantes dont il disait naguère ne pas être attaché.
De toute évidence , à moins de nous convaincre du contraire, cela n’est pas de nature à grandir l’actuel Député nommé. Dans le fond, tout donne à croire que les intérêts personnels des uns et des autres ont trouvé convergence. Quitte à laisser prospérer des actes qui trahissent le Gabon, le Peuple et sa dignité. L’essentiel est désormais ailleurs. Et dire qu’on pouvait toujours espérer mieux de cet homme de la société civile dans ce combat pour la Restauration des Institutions. Un homme qui pourrait nous avoir faussement fait croire, qu’il était habité de valeurs nobles et républicaines. Un homme comme on n’en voit plus, et on n’en trouve presque plus dans notre pays. Mais hélas, sa crédibilité est aujourd’hui mise en soupçon…
Vouloir s’imposer à la postérité en faisant fi de la décence et de l’objectivité ne mène pas souvent à grand-chose. Et le Vice-président de l’Assemblée Nationale gagnerait à être cohérent dans ses postures, lesquelles sont pour beaucoup, frappées du sceau de la complaisance, du ni ni et même de l’imposture.