Libreville, 20 décembre 2021 (Dépêches 241). Le mercredi 15 décembre derniers, les mesures restrictives du gouvernement visant à lutter contre la Covid-19 sont officiellement entrées en vigueur. Ceci, nonobstant les multiples contestations de la société civile mais surtout, à rebours de la volonté de l’Assemblée nationale. Si aujourd’hui ces mesures considérées par beaucoup comme iniques sont suspendues en raisons d’une saisine de la Cour Constitutionnelle par le Copil Citoyen, il n’en demeure pas moins que le Parlement avait pourtant invité le ministre de la Santé, Guy Patrick Obiang, à revoir sa copie, lorsque celui-ci avait présenté, mi-novembre dernier aux élus, lesdites décisions gouvernementales à l’époque à l’étude. Des recommandations que l’ancien porte-parole du Copil a balayé d’un revers de la main, en maintenant sa position et en les imposant au peuple au terme de la conférence presse gouvernementale.
Guy Patrick Obiang est-il un dictateur ? L’ancien porte-parole du Copil porterait-il quelques germes de l’autoritarisme ? L’ancien secrétaire général du ministère de la Santé serait-il passé outre les recommandations de l’Assemblée nationale ? Le ministre de la Santé serait-il plus fort que les élus du peuple ?
Ce sont les questions légitimes, que se posent de nombreux observateurs de la vie politique nationale, depuis l’entrée en vigueur, le mercredi 15 décembre dernier, des nouvelles mesures restrictives gouvernementales, visant à lutter contre la pandémie de la Covid-19.
En effet, ces nouvelles mesures particulièrement contestées, ont été imposées au quotidien des gabonais, alors même qu’elles avaient été rejetées, par la Commission du Budget et des Finances de l’Assemblée nationale mi-novembre dernier. À l’époque, les députés avaient fait preuve de lucidité, en balayant d’un revers de la main, l’hypothèse d’une facturation des Tests PCR, dans un contexte de crise socio-économique, qui manifestement aurait porté atteinte de façon flagrante, aux portefeuilles des ménages déjà fortement impactés.
Une prise de position pourtant logique et républicaine de l’Assemblée nationale, qui n’avait malheureusement pas trouvé l’assentiment de Guy Patrick Obiang et de ses collègues ministres, visiblement décidés à asphyxier les populations. Lesquels ont préféré ignorer de façon outrageuse toutes les recommandations des représentants du peuple, pour se lancer dans une campagne visant à imposer insidieusement la vaccination, à travers facturation des tests PCR. Le tout, en prenant le risque d’accentuer encore un peu plus les tensions sociales, comme en témoignent les multiples grèves générales illimitées, lancées dans plusieurs secteurs, depuis l’entrée en vigueur de ces décisions gouvernementales.
Si tant qu’il existe, un texte ou une loi donnant au gouvernement la possibilité de se passer de l’avis de la représentation nationale, comme c’est le cas en France avec l’article 49 alinéa 3 de la Constitution, il n’est demeure pas moins qu’une telle posture porte en elle les germes du despotisme. Car imposer aux peuples et aux représentants du peuple, des décisions pour lesquelles ils s’opposent, est une gouvernance par la dictature.
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Une dictature insidieuse au même titre que l’obligation vaccinale imposée par le gouvernement de façon toute aussi pernicieuse aux populations gabonaises quand bien même le président de la République, Chef de l’Etat, Ali Bongo Ondimba, avait indiqué que le vaccin n’était pas obligatoire. Un fait, une constatation que la suspension obtenue de l’arrêté n°559/PM du 25 novembre 2021 fixant l’entrée en vigueur des nouvelles mesures gouvernementales en rapport avec la riposte contre la Covid-19, après saisine du Copil Citoyen de saurait occulter ni inhiber.